Bonjour à toutes et tous ! Je reviens cette fin de semaine avec un long article pour vous donner plein de lecture pour ce weekend. Le billet vous paraîtra peut-être enfoncer des portes ouvertes, ou peut-être qu’il vous intéressera. Toujours est-il que j’avais envie de partager avec vous cette réflexion. 🙂
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Quiconque me voit au quotidien ne pourrait se douter que j’adore la mode. Vêtue 95 % de mon temps d’un jean et d’un sweat/pull en fonction de la température extérieure, je porte quasi toujours les mêmes chaussures, pratiquement aucun accessoire et le même manteau depuis plusieurs années (qu’il serait temps de songer à remplacer d’ailleurs). N’étant pas très dépensière j’achète peu de nouveaux vêtements (encore moins maintenant que je ne veux plus dépenser mon argent dans les grandes enseignes). Je porte la plupart de mes vêtements plusieurs années, mes vêtements un peu originaux se comptent sur les doigts d’une main, et le matin au moment de m’habiller je choisis le plus souvent la simplicité, c’est-à-dire un uniforme qui ferait certainement pleurer de tristesse Cristina Cordula. En l’occurrence cette fainéantise vestimentaire me convient très bien, ce qui ne m’empêche pas d’adorer la mode, d’alimenter un tableau Pinterest d’inspirations modesques et d’être prise, par moments, d’une envie irrépressible d’ajouter une pièce particulière à mon dressing, envie à laquelle je succombe parfois, mais que je parviens à réfréner la plupart du temps.
Mais pourquoi j’aime la mode ? Qu’est-ce que je lui trouve ?
Ce qui me fascine c’est cette apparence de cycle : au fil des années on voit réapparaître des formes, des motifs qui étaient à la mode quelques décennies plus tôt. On voit se combiner des choses qu’on a déjà vues (ce qui est de plus en plus vrai à partir de la trentaine et qui promet d’être passionnant en vieillissant), que parfois on trouvait affreuses avant, et qui subitement nous paraissent avoir une allure extraordinaire.
Je trouve ça passionnant parce que je suis incapable de prédire ce qui, dans mes placards, va redevenir à la mode, mais je suis sûre qu’il y aura toujours un moment où je regretterai telle ou telle pièce dont je me serais débarrassée parce qu’elle était trop démodée.
Mais la mode, au fond, c’est quoi ?
Depuis à peu près un an je me suis mise à suivre des blogs mode. Je ne sais pas trop comment c’est arrivé alors que j’ai passé ma post-adolescence relativement à l’écart d’Internet et des magazines féminins, mais toujours est-il que j’ai découvert une nouvelle sphère et que je suis aujourd’hui très régulièrement quelques blogs (autour de 5/6 pour tout vous dire). Si vous ne connaissez pas le principe des blogs mode, je schématiserai en vous disant que ce sont en général des jolies filles qui se font prendre en photo dans de beaux vêtements et accessoires, les-dits vêtements et accessoires souvent, mais pas toujours, envoyés par des marques pour qu’à terme les blogueuses en parlent et donnent envie à leur lectorat de s’acheter les mêmes.
Au point où nous en sommes, vous vous demandez certainement pourquoi je vous raconte tout ça ? (Vous allez voir qu’il y a une logique… en principe)
Je vous parle des blogs mode parce qu’en en suivant quelques uns (et en suivant d’autres blogueuses mode sur Instagram (sans pour autant suivre leurs blogs) j’ai eu l’impression d’une certaine uniformité : malgré leurs beautés à chacune unique et particulière, elles me paraissaient toutes plus ou moins habillées pareil, maquillées pareil, mangeaient les mêmes choses, allaient dans les mêmes endroits et photographiaient les mêmes types de trucs à partager sur Instagram. Ce qui m’a amenée logiquement à considérer que ce qui était à la mode c’était ce que je voyais (et que par un phénomène d’accoutumance tout à fait naturel je me mettais à aimer aussi). SAUF QUE. Sauf que à bien y regarder toutes ces blogueuses mode étaient globalement faites sur le même moule, un moule que j’avais en fait moi-même déterminé par mon prisme social. Internet est vaste et varié, je me suis pourtant mise à suivre sans y faire attention des filles d’à peu près mon âge, plutôt blanches, plutôt de mon milieu social et vivant plutôt à Paris. Ce que je considère comme étant à la mode, c’est en fait la mode d’un groupe donné dont les membres se reconnaissent entre eux. Pour se sentir faire partie d’un groupe, d’une communauté, quoi de mieux que commencer à se vêtir comme ses membres et à consommer les mêmes produits qu’eux ? Le phénomène, s’il est assez naturel, doit être compris pour ce qu’il est et il convient donc de garder un certain recul. Cela nous amène logiquement à réaliser que si la mode du groupe social dont on fait partie nous semble universelle, elle n’est en fait qu’une mode parmi beaucoup d’autres, et plus encore, les modes d’autres groupes sociaux sont, par conséquent, tout aussi valables que la nôtre.
Pour reboucler avec le sujet initial de ce blog – la mode historique rappelons-le -, il me semble assez important de toujours garder cela à l’esprit quand on parle de mode : la mode quelle qu’elle soit n’existe pas en dehors d’un contexte, et un contexte qui va du plus général au plus particulier.
Quand on observe un costume historique (que ce soit pour le reproduire ou non), les différences sociales évidentes (classes aisées vs. classes populaires) si elles sont la partie émergée de l’iceberg dissimulent en fait tout un tas de nuances contextuelles : la mode de la bourgeoisie provinciale française en 1880 n’était pas la même que celle de la bourgeoisie parisienne à la même époque, qui elle-même n’était pas la même que celle de la haute aristocratie. Ce sont des nuances qu’il nous est aujourd’hui assez difficile de percevoir tout simplement parce que c’est une mode passée et que nous n’y étions pas, mais il faut réussir à imaginer les symboliques et les codes de reconnaissance entre groupes sociaux pour pouvoir imaginer ce que cela signifiait de porter tel ou tel vêtement. La mode n’est pas seulement une chose plaisante à l’œil et avec laquelle on se fait du bien, c’est aussi un marqueur fort de la société dans laquelle elle s’inscrit et comme tout fait social elle mérite une analyse critique. C’est vrai pour toutes les époques qui nous précèdent, mais aussi pour celle que nous vivons. La mode ne cesse jamais de parler de la société qui la produit, ce que je trouve personnellement absolument passionnant. 😉
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Si je ne suis pas vraiment passionnée par la mode actuelle, je trouve ta réflexion intérressante. Car replacée dans le contexte social qui lui est lié, la mode m’intéresse beaucoup plus. Je ne sais pas si tu as prévu de faire des articles sur la mode de telle ou telle époque avec un rappel du contexte historique/social/politique de l’époque, mais je serais très intéressée (enfin si tu en as le temps, et l’envie).
J’adorerais faire ce genre d’articles, oui, mais je n’aurai jamais assez de temps de recherche à leur consacrer avant la fin de mon doctorat. Un jour j’espère… 😉