Comme vous l’avez peut-être appris sur Facebook, j’étais hier au château de Pierrefonds pour l’inauguration de l’expostion « Armures, hennins et crinolines » organisée par le Centre des Monuments Nationaux. Anne Lambert de Cursay m’a en effet invitée à participer au voyage de presse organisé par le CMN en compagnie de journalistes et blogueurs culturels, et je la remercie encore pour cette invitation. C’était une grande première pour moi et inutile de vous dire que j’étais ravie de cette opportunité, d’autant que je n’étais encore jamais allée à Pierrefonds.
Je dois vous avouer que j’étais un peu méfiante, initialement, à l’égard de cette exposition. Le mélange des armures, des hennins et des crinolines me semblait en effet un peu hasardeux et je ne voyais pas tellement à quel propos cela pouvait nous mener. Le principe de cette exposition, imaginée par Martine Kahane et Noëlle Giret, était de faire un parallèle entre le château, intégralement restauré par Viollet-le-Duc, où se sont tenus des pièces de théâtre amateur jouées par l’entourage de Napoléon III, et des costumes de scènes prêtés entre autres par le Centre National du Costume de Scène à Moulins.
Comme vous le savez sans doute, Eugène Viollet-le-Duc est connu pour ses interventions idéalisées sur l’architecture médiévale (qui font frémir aujourd’hui les archéologues et restaurateurs des monuments historiques). Homme du XIXe, il veut transmettre à ses contemporains une image d’un monde médiéval fantasmé, et le Château de Pierrefonds en est un exemple frappant. Napoléon III va en effet charger Viollet-le-Duc de la restauration (même de la reconstruction) du château en ruines et Pierrefonds est un mélange d’esthétique médiévale revue à la sauce XIXe. C’est sur cette idée qu’à Pierrefonds tout est faux tout en ayant l’air vrai, que sont parties les deux commissaires de l’exposition voyant là un point commun avec le costume de scène.
Des contraintes de conservation qui imposent des choix
L’exposition a le mérite d’être très accessible. Cela faisait d’ailleurs partie du cahier des charges établi par le CMN : l’exposition devait être conçue pour le grand public et surtout les familles. Les costumes de scène choisis sont spectaculaires et animent bien les espaces.
Pourtant je suis assez mitigée sur le choix de ces costumes. Premièrement (c’est malheureusement lié aux contraintes de conservation au Château de Pierrefonds) presque tous les costumes exposés sont récents. À l’exception d’un costume pour Le Poirier de Misère de 1927, les dates de réalisation des costumes prêtés oscillent entre 1944 et 2007. C’est particulièrement dommage dans la mesure où la majorité des panneaux explicatifs font référence au 2nd Empire et notamment aux scènes jouées par l’entourage de la famille impériale en visite à Compiègne.
Deuxièmement le choix des armures, hennins et crinolines est, somme toute, assez arbitraire et peut convaincant. Si l’on peut admettre le point de vue des commissaires sur les liens entre hennins et crinolines (deux vêtements contraignants et s’étant exagérément développés malgré les critiques) je ne vois pas très bien ce que viennent faire dans ce parcours des crinolines de scène, qui n’ont rien à voir avec un imaginaire médiéval fantasmé dont il est question à Pierrefonds (à l’inverse des armures et des hennins) et surtout dans une dernière salle qui évoque de manière très simple et intéressante les villégiatures à Compiègne sous Napoléon III. Je sais bien que les contraintes liées à la conservation des costumes (ainsi qu’à la rareté des costumes de scène datant du Second Empire) sont importantes, mais je pense qu’il aurait été possible de faire des choix un peu plus pertinents.
Une exposition qui ouvre des perspectives
Pourtant j’ai trouvé la dernière partie de l’exposition, consacrée aux habitudes de villégiature de la famille impériale à Compiègne et par extension à Pierrefonds, particulièrement réussie. Les commissaires ont, là, su très bien allier contenu scientifique à un propos grand public par le biais de panneaux simples, clairs et ludiques. C’est, à mon sens, l’élément le plus réussi de l’exposition, même s’il m’a laissée sur ma faim. Il me semble qu’il y aurait là, en effet, matière à faire une exposition très riche avec des vêtements d’époque (ou des recréations) approfondissant le sujet des visites de Napoléon III et Eugénie à Pierrefonds.
Parce que le point fort de cette exposition c’est quand même la découverte d’un lieu passionnant (dont certaines salles qui n’avaient encore jamais été ouvertes au public), et qui mérite vraiment le détour. Les décors de Viollet-le-Duc sont superbes et les autres expositions du château valent le coup d’oeil. Par ailleurs la balade dans la ville de Pierrefonds est agréable, surtout quand il fait le temps que l’on a eu hier. Bref, je ne peux que vous inciter à faire le voyage !
Et vous, vous êtes déjà allé à Pierrefonds ? Vous connaissez le château ?
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Bonjour. Votre commentaire et l’analyse de cette exposition sont fort intéressants. N’étant pas dans la région c’est très utile d’avoir un compte-rendu. Merci. Cordialement.
Je vous en prie. Si vous avez l’occasion de visiter la région, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour à Pierrefonds.
Ce fut un plaisir de te rencontrer à l’occasion de cette visite !
Deux petites infos sympa, peut-être éloignée du sujet de ce billet mais passons : tu apparais toujours dans mon flux sur le lecteur wordpress, mais sans l’image à la une du billet. Est-ce parce que tu as souscrit à une redirection ?
L’autre info c’est que je pense que les caricatures reproduites dans l’expo sont sur Gallica. Je vais les chercher pour mon propre billet, auquel cas je t’indiquerai les liens !
Pareil, j’ai été ravie de faire ta connaissance !
J’ai effectivement fait une redirection et activé Jetpack, mais je ne me suis pas trop penchée sur les réglages pour l’instant (j’ai eu pas mal de soucis de liens cassés à gérer avant).
Pour la Vie Parisienne je pense que ce n’est pas encore sur Gallica parce que la revue fait l’objet d’une campagne de numérisation à l’INHA en ce moment (sur laquelle ma meilleure amie travaille). Je n’ai pas encore regardé en détails les références des autres périodiques dans le catalogue, mais effectivement ça m’intéresse si tu les trouves sur Gallica !