[CRITIQUE] Anatomie d’une collection à Galliera
Bonjour à toutes et tous ! Si vous me suivez sur facebook, vous savez sans doute que je suis enfin allée voir la « nouvelle » exposition du Palais Galliera dimanche dernier (Anatomie d’une collection qui s’achève le 23 octobre 2016). J’y allais en sachant que cela risquait de ne pas me plaire puisque d’autres que moi y étais allées avant (comme ici ou là) et que ça ne sentait pas très bon. Et effectivement je n’ai pas aimé. Même, j’en suis sortie plutôt énervée. Je vous explique pourquoi…
Un propos, quel propos ?
Pour commencer, on peut parler du titre de l’exposition « Anatomie d’une collection », qui n’est clairement pas ce que vous allez trouver à Galliera. Si l’exposition est supposée nous parler de la constitution de la collection du musée, de comment les pièces rejoignent une collection de musée, comment elles sont restaurées par les conservateurs, alors force est de constater que c’est très mal fait. D’ailleurs cette idée naïve (mais avouez que ce serait plutôt chouette comme expo, non ?) est démentie lorsque l’on découvre que certaines pièces exposées proviennent de collections particulières. Mais de quoi parle-t-on à la fin ? Quelle anatomie et quelle collection ?
Après un texte d’introduction aussi fumeux qu’inutile, le parcours commence sur de très belles pièces du XVIIIe, avec notamment une chemise de Louis XVII sur laquelle est brodée très délicatement au point de croix une toute petite couronne rouge. Après être tombée en extase une minute devant la finesse de la broderie, j’ai lu le second panneau, qui parle du vêtement comme relique et je me suis dit que ça s’annonçait plutôt mal. Comme dans les expositions précédentes c’est le faste qui compte visiblement à Galliera et si on prétend que tout vêtement est une relique de la personne qui l’a façonné de son corps, on préfère quand même montrer des reliques de personnalités importantes, parce que bon…
Du coup on a droit aux reliques de Louis XVII « qui était un jeune garçon si gentil et quel destin tragique, c’est horrible vraiment », de Napoléon ou de Joséphine et d’autres « grands de ce monde ». Même si cela m’a déjà agacée, la suite du parcours n’a pas aidé. La première salle avait au moins le mérite de (mal) montrer des vêtements des XVIIIe et XIXe siècles qu’en ce qui me concerne je n’avais jamais vus et beaucoup sont de vrais bijoux comme un ensemble piqué fushia que je me ferais bien un jour si j’ai du courage. Mais la deuxième salle a sérieusement altéré mon humeur…
La deuxième salle nous sert la même rengaine sur les Grands Couturiers du XXe siècle qu’à toutes les expositions de mode en France et franchement je n’en peux plus. J’en ai marre de voir toujours les mêmes expositions de mode. Je n’en peux plus de lire des contenus indigents au possible sur la mode du XXe siècle, juste parce que c’est notre petite fierté française et que l’on veut montrer de belles robes. Quand aura-t-on à Galliera une vision de la mode autrement que par le prisme des robes de luxe ?!
Certainement pas dans la dernière partie de cette « anatomie d’une collection » encore moins pertinente que les précédentes puisque sont alignées des pièces des années 2000 portées sur des tapis rouges et conservées dans les collections particulières des stars qui les ont portées. Mais qu’est-ce que ces pièces viennent faire là ?? Encore une fois où est l’anatomie et de quelle collection parle-t-on ?
Bref, l’enchaînement des salles n’a aucune pertinence scientifique et ne fait que révéler les choix élitistes (et à mon avis parfaitement néfastes) du commissaire. On peut d’ailleurs évoquer le mannequinage des vêtements sur des mannequins visiblement plus petits que les propriétaires d’origine, procédé que je trouve assez nauséabond en plus d’être scientifiquement douteux.
Et la scénographie ?
La scénographie, comme pour les expositions précédentes se veut grand spectacle, théâtrale et bling bling. On peut dire qu’elle est cohérente avec la volonté du commissariat d’exposition cela dit, puisqu’elle répond parfaitement à cette évocation du vêtement relique : les vêtements sont placés très hauts, pour qu’on puisse bien les admirer de loin sans en voir les détails. Comme d’habitude à Galliera on ne peut pas tourner autour des pièces pour les voir sous plusieurs angles ce qui est d’une bêtise sans nom pour un objet tridimensionnel, et dans la seule salle où des miroirs ont été installés ils n’aident absolument pas à l’observation et sont plus là pour le style.
Une mention spéciale de l’absurdité vient de l’exposition côte à côte d’un uniforme d’infirmière de la croix rouge en 14-18, d’une pièce de défilé et d’une robe rouge portée par Brigitte Bardot dans un film. Cela n’a aucun sens ! Faire un rapprochement entre des pièces muséales sur la seule base de leur harmonie de couleur est une honte.
La petite cerise sur le gâteau de mon énervement a été d’apprendre à la fin de la visite que le petit livret gratuit qui accompagne les visiteurs dans 80 % des expositions parisiennes était payant à Galliera. Est-ce qu’on ne se moquerait pas un peu du monde ?
Bref, il serait temps, je crois, que Galliera fasse appel à des commissaires d’exposition extérieurs, spécialistes de leur sujet, et ayant une vraie rigueur scientifique pour leurs expositions. Un renouvellement ferait du bien autant à l’institution qu’à son public.
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Oh purée! Tu ne me donnes absoluement pas envie d’aller voir cette exposition malgré quelques pièces merveilleuses que tu évoques.
Je trouve dommage que l’on ne sâche pas montrer les tenues vestimentaires de différentes couches de la société. Par ailleurs qu’est ce que c’est que cette expo qui s’étale sur plus de 140 ans de costumes?
Je compatis à ta frustration, j’aime tellement tourner autour d’un costume quand celui-ci me plait …