Portrait de costumière : Marie-Laure Colomban

Portrait de costumière : Marie-Laure Colomban

Bonjour à toutes et tous ! J’avais envie de vous montrer un peu de couture perso avant de vous faire rêver avec les superbes costumes de Marie-Laure, mais le temps joue contre moi et les journées sont trop courtes. Désespérément. Du coup je n’ai absolument pas eu le temps d’avancer sur mon costume de soirée vaudou/nature le week-end dernier et ça risque encore d’être compliqué le week-end prochain. Bref, du coup cette semaine je tenais à vous faire découvrir ou redécouvrir le travail d’une costumière dont j’aime beaucoup le travail : Marie-Laure Colomban alias De fil en dentelles.

Marie-Laure Colomban costumière à Paris
(c) Virginie Clavière, Paris-Match

Peux-tu te présenter un peu ainsi que ton parcours professionnel ?

Avec plaisir ! Je m’appelle Marie-Laure, bientôt 25 printemps et je vis à Paris. Ma passion pour le costume a débuté il y a une dizaine d’années environ. Après un bac général j’ai suivi un cursus d’études en arts appliqués et un Diplôme des métier d’Arts ( DMA) en costumier réalisateur.

En parallèle, je tiens un blog « De Fil en Dentelle » et sa page Facebook associée où je poste mes réalisations et rédactions d’articles liés à l’histoire de la mode et univers conjoints. J’essaye de les garder les plus actifs possible en partageant découvertes incongrues, photos originales et/ou instructives !

Qu’est-ce qui t’as amenée à vouloir faire de la couture ton métier et pourquoi avoir choisi le métier de costumière ?

Je dirais avant tout une curiosité sans bornes pour tout ce qui a trait au monde des arts et de l’histoire au sens large. Mes premières réalisations étaient inspirées de films. La curiosité m’a poussée à comprendre comment ils étaient réalisés et portés. Suite à de belles rencontres, j’ai glissé petit à petit vers le costume historique, source inépuisable d’inspiration et d’expérimentation !

Fabriquer un costume et le revêtir ou le faire revêtir à quelqu’un d’autre est avant tout pour moi une expérience d’histoire : c’est la possibilité de se glisser pour quelques heures dans la peau d’une personne ayant vécu d’une façon totalement différente de la nôtre. Je me passionne pour la recherche des matières et de la construction des éléments pour expérimenter ensuite le port du vêtement. Le fait de vivre au XXIe siècle permet de remonter et d’explorer une infinité de formes différentes ! On réalise ainsi que la crinoline ondule autour de nos hanches pendant une polka ou une valse, que les nombreux jupons du XVIIIe siècle protègent la marcheuse des chemins, que les jupons courts 1830 permettent de gambader librement, que la tournure 1870 oblige à trouver un nouveau point d’équilibre pour patiner, etc., etc. Bref on ré-expérimente la vie autrement !

tournure de patinage Marie-Laure Colomban costumière
Marie-Laura dans sa tournure de patinage

À noter que je ne réalise pas le costume entièrement à la main exactement comme nos ancêtres l’auraient fait avec leurs moyens : c’est là que mon travail de costumière intervient pour équilibrer les couleurs, les formes, le contexte de port du costume pour qu’il soit adapté au mieux. Le métier de costumière est un métier ouvert qui permet sans cesse d’apprendre, de s’enrichir de nouvelles rencontres et de travailler dans des milieux très variés !

Pour quels types de clients travailles-tu ?

Essentiellement des commandes particulières pour des personnes souhaitant participer à des événements historiques ou des rassemblements de danse. Beaucoup de clients me contactent aussi pour demander des conseils pour porter un vêtement ou bien accessoiriser une tenue de façon à ce qu’elle évoque correctement une période historique. J’ai même été contactée par un auteur qui menait une étude sur les tours de cou et autres bijoux de dames au XVIIIe siècle. 😉

Peut-on te contacter pour réaliser un costume sur-mesure ?

Oui bien sûr, la personne peut m’envoyer un mail avec sa demande ou juste une idée et nous convenons d’un rendez-vous pour parler plus amplement du projet.

Combien coûte un costume sur-mesure pour un particulier ? Ou par exemple si je te commandais une cage crinoline elliptique, ça me reviendrait à combien (la question intéressée 😉 ) ?

Le coût d’un costume varie beaucoup, c’est vraiment au cas par cas. Cela dépend si la personne souhaite un costume entier avec tous les dessous ou juste en partie, si elle apporte son propre tissu ou si je dois le choisir pour elle… En général il faut compter une base de frais de confection auxquels s’ajoutent les matériaux utilisés.

cage crinoline elliptique Marie-Laure Colomban costumière
Cage crinoline elliptique réalisée par Marie-Laure

Ah la cage elliptique, cela fait rêver n’est-ce pas 😉 ? Cette cage dite aussi « projetée » soutenait les jupes féminines des années 1860 à 1869 en leur donnant une forme de dôme projetée vers l’arrière et soutenant une petite traine. C’est la structure la plus compliquée qu’il m’ait été donné à faire pour le moment car c’est un vrai défi à la gravité ! Compter environ 350 euros tous frais compris.

Une fois la commande passée, comment organises-tu ton travail ? Quelles sont les différentes étapes depuis le premier contact jusqu’à la livraison ?

Le premier contact se fait le plus souvent par mail via mon blog. Les clients m’expriment leurs souhaits et partagent leurs inspirations. Vient aussi un moment d’échange pour convenir des couleurs et formes à utiliser (la personne se déplace vers mon atelier) . De mon côté je démarre le plus souvent par une prise de mesure suivie d’un travail de patronage et de création d’une toile. Les structures sont fabriquées en premier puis vient l’essayage de la toile en coton du costume préalablement drapée et construite par mes soins. La toile est une étape incontournable pour couper avec assurance dans le tissu définitif. Je ne connais pas un seul costumier ou costumière dont les ciseaux ont hésité avant de couper pour la première fois un tissu onéreux. 😉

toile de costume Marie-Laure Colomban
Toile d’un costume de Peau d’Âne
(c) Marie-Laure Colomban

Le choix et l’achat des matériaux suit et enfin, à l’issue de deux à trois essayages supplémentaires, le costume est livré et prêt à être porté !

As-tu déjà eu une commande particulièrement enthousiasmante de costume ? De quoi s’agissait-il ?

Chaque commande est enrichissante car je rencontre des personnes avec des envies, des rêves propres à chacun. Du point de vue client : la robe d’inspiration « sari » réalisée pour Hélène a beaucoup plu à a commanditaire. C’est une réelle satisfaction pour moi d’avoir eu une cliente si aidante et si enthousiaste dont les yeux brillaient à chaque fois que j’avançais plus dans son projet et que je lui donnais des informations complémentaires.

crinoline sur-mesure réalisée par Marie-Laure Colomban costumière
La crinoline verte d’Hélène

De mon point de vue, la robe à crinoline jaune de Thérèse aura été le projet le plus collaboratif : le costume est le résultat d’un superbe échange entre mes conseils et les suggestions de ma cliente. Nous sommes arrivées à un bel équilibre pour une robe à crinoline de « danse » très élégante.

Un artiste ne crée jamais seul : il a ses inspirations, des idées lui venant de l’extérieur ou de sa propre vie couplées aux suggestions de son entourage : un costumier travaille de la même manière. 😉

Et toi personnellement, quelle est ta période historique préférée ? Le costume que tu aimes le plus porter ?

Ah vaste question et très difficile d’y répondre! J’ai longuement fouillé le dernier quart du XVIIIe siècle qui a été pendant longtemps ma période de prédilection. Je suis plus concentrée en ce moment sur le XIXe siècle, période ô combien vaste ! Chaque sous-période (environ tous les dix ans) offre une nouvelle forme ! J’ai hâte de pouvoir expérimenter d’autres périodes comme la Renaissance française et italienne.

Le costume que j’aime beaucoup porter est sans doute la robe à crinoline de bal. C’est merveilleux de sentir cette jupe ample flotter autour de soi ! Depuis deux ans environ, je réalise les costumes que je porte moi-même essentiellement pour des soirées dansantes : c’est là que l’expérience du costume prend tout son sens et permet aussi de s’améliorer pour une prochaine création en repérant les petits défauts à l’usage.

Crinoline de bal Marie Laure Colomban costumière
Marie-Laure dans une robe de bal à crinoline

Pour finir, la question spéciale « Mode d’Hier et d’Aujourd’hui » : quel est le vêtement à plis qui t’inspire/te plaît le plus ?

Les plis ! Ce petit mot qui fait rêver ! J’aime tout ce qui y a trait ! Instinctivement, je pense aux plis à l’arrière d’une robe à l’anglaise des années 1780. Le corsage de ces robes se terminant généralement en pointe dans le bas du dos : les plis attirent l’œil vers le « cœur » et je trouve toujours cet effet hypnotisant !

plis du dos robe à l'anglaise
Robe à l’anglaise vers 1780. (Google Images n’a pas voulu me dire où cette belle robe était conservée, si vous le savez je veux bien l’info 😉 ) Conservée au Metropolitan Museum of Art, New York
Coton brodé au fil d’argent

L’atelier de Marie-Laure est à Paris et vous pouvez la contacter directement via son blog pour bénéficier de ses services. Je vous invite d’ailleurs à aller fouiller ses archives pour découvrir ses autres réalisations (personnellement je ne me lasse pas de regarder de beaux costumes).

Quant à moi je vais essayer de coudre des trucs dans les deux prochaines semaines et je reviens dans pas longtemps avec un nouveau portrait : une créatrice de robes de mariées cette fois. 😉

Bonne fin de semaine !

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