Portrait de créatrice : Sarah et Les choses délicates
Bonjour à toutes et tous ! Comme je vous l’annonçais la semaine dernière, j’inaugure aujourd’hui sur le blog une rubrique qui me fait vraiment très plaisir : celle des portraits de couturières et couturiers. Assez régulièrement je reçois des messages de gens me demandant si je prends des commandes, mais je ne suis ni couturière ni costumière et je n’ai vraiment pas l’intention de le devenir. En revanche, la création de ce blog m’a permis de rencontrer virtuellement ou non un certain nombre de professionnel.le.s de la couture et j’avais envie de les mettre un peu à l’honneur dans ces pages. Écrire des articles sur les gens c’est plus ou moins mon métier et j’avais envie que ça devienne quelque chose d’important sur mon blog personnel.
Aujourd’hui j’inaugure donc cette nouvelle rubrique avec Sarah, rédactrice du blog Les choses délicates, qui a créé tout récemment sa marque de vêtements inspirés par les années 1950 et qui vend ses créations sur Etsy. Elle a bien voulu répondre à mes quelques questions, je vous laisse donc la découvrir un peu mieux ainsi que son travail. 🙂
Peux-tu te présenter un peu ainsi que ton parcours professionnel ?
Je m’appelle Sarah, j’ai 28 ans, et je vis à Vancouver, sur la côte ouest du Canada depuis septembre 2015. Mon parcours est assez particulier car il n’a pas grand chose à voir avec la couture ou la mode (en fait il n’a rien à voir du tout). J’ai un diplôme Bac+5 dans le domaine du management de projets web.
As-tu une formation en couture ? Comment as-tu commencé à coudre ?
Non ! Je n’ai pas suivi d’études de couture, j’ai tout appris au fur et à mesure en totale autodidacte (et je continue d’apprendre), et j’ai complété ensuite avec des cours de techniques. J’ai commencé à coudre il y a 6 ou 7 ans, au même moment où j’ai découvert le monde du costume et l’histoire de la mode. Un jour j’ai juste décidé de me lancer après avoir été à une journée grand siècle à Vaux le Vicomte, et je me suis promis de revenir l’année d’après avec un costume entièrement fait de mes petites mains. Quand j’ai quelque chose dans la tête, ça devient presque une obsession, ça m’empêche même de dormir la nuit ! Alors j’ai acheté une machine à coudre pas chère, un mannequin et je me suis juste lancée. Au début, je passais ma vie sur le forum Au grand Mogol, qui m’a beaucoup, beaucoup aidée. Et puis l’année suivante, j’étais à Vaux avec mon propre costume. Il n’était pas parfait, mais la fierté d’avoir créé quelque chose de mes mains m’a fait comprendre que je voulais continuer à faire ça et à apprendre, apprendre, apprendre !
Quand tu as créé ton blog « Les choses délicates » avais-tu déjà l’idée d’en faire une marque ? Comment cette idée t’est-elle venue ?
Absolument pas. Il n’y avait pas vraiment de réflexion derrière la création du blog, mais juste l’envie de partager, d’aider peut-être d’autres personnes à se lancer, de garder une « mémoire » de tout ça aussi, quelque chose que je pourrais regarder plus tard avec plaisir. Je n’avais aucune ambition à ce moment-là de faire de la couture mon métier, j’étais plus que débutante et c’était juste un hobby. Et puis tout récemment j’ai commencé à me questionner, j’étais dans une phase où mon travail et mon choix de carrière ne me satisfaisaient plus vraiment. C’est assez angoissant de se rendre compte qu’on a passé 5 ans à apprendre un métier qui en fait ne nous plaît pas vraiment ! Mais quelque chose s’est passé au milieu de l’année 2015 : mon mari, qui était encore mon copain à ce moment-là a eu une très bonne proposition d’emploi dans une grande entreprise au Canada. C’était un changement de vie total alors pourquoi pas en profiter pour tenter quelque chose que je n’aurais peut-être pas osé tenter en France ? Créer une marque de vêtements c’est un rêve un peu fou, c’est quelque chose que je me voyais totalement faire quand j’avais 14 ans et que je dessinais des cahiers de collections avec une copine. Je pense qu’il y a une vraie place pour les petits créateurs, les gens recherchent plus d’authenticité et ils ont véritablement envie de soutenir ce genre de projet. Je me dis aussi que je ne dois pas être la seule à en avoir assez de voir toujours la même chose en magasin avec des matériaux et une confection souvent médiocres.
Ton inspiration pour cette première collection est très orientée fifties, est-ce que ce sera toujours le cas ou est-ce que tu as prévu des choses très différentes pour les prochaines collections ?
Les années 50s resteront je pense une inspiration majeure pour moi, j’adore l’élégance des lignes, la rondeur des jupes… Mais ce ne sera pas ma seule inspiration, j’aimerais mettre mon amour de l’histoire de la mode à profit en m’inspirant aussi de l’époque victorienne ou des années 60 par exemple.
De manière plus générale qu’est-ce qui t’inspire pour créer des vêtements ?
Les différentes époques que j’affectionne justement, mais aussi les tissus et les motifs assez funs que j’utilise. Je marche souvent au coup de foudre sur un tissu, un motif, une couleur et je crée la robe autour.
Tu utilises des tissus imprimés vraiment chouettes pour ta collection, est-ce que tu peux nous dire où tu les trouves ? Est-ce qu’ils sont exclusifs « Les choses délicates » ?
Ce sont des tissus de designers, 100 % coton, et même biologiques pour certains, que je déniche sur des sites américains. Je profite largement du fait que j’habite désormais en Amérique du nord, car les sites américains ont un choix énorme de tissus et de motifs à des prix vraiment intéressants, en tant que couturier c’est vraiment le paradis ! Je suis également en train de designer mes propres tissus que je ferai imprimer chez Spoonflower. J’espère pouvoir les sortir d’ici quelques mois.
Maintenant que tu vis au Canada, est-ce que tu destines ta collection à l’Amérique du Nord ou bien est-ce que l’on peut te passer des commandes depuis la France ?
Les choses délicates est une boutique en ligne, il n’y a donc pas de limite à ma clientèle et j’expédie partout dans le monde. J’ai d’ailleurs pour le moment pas mal de Français qui me passent commande et ça me fait toujours plaisir ! Mais j’aimerais participer aussi à des salons ou des marchés de créateurs au Canada et aux États-Unis pour me faire connaître.
Je te connais surtout à travers tes costumes historiques, est-ce que tu vas continuer à en réaliser (pour toi ou pour des clients) ?
Je ne proposerai pas de costumes historiques dans ma boutique, mais j’accepterai peut-être au cas par cas des commandes s’il y en a. Par contre au niveau personnel, mes sorties costumées vont être limitées drastiquement, je n’ai pas trouvé de costumés dans mon coin. Il faudrait que j’aille jusqu’en Californie pour participer à des sorties, ça me reviendrait cher la sortie ! Donc pour être tout à fait honnête, il est fort probable que je ne produise rien cette année.
Pour finir, la question spéciale « Mode d’Hier et d’aujourd’hui » : quel est le vêtement à plis qui t’inspire/te plaît le plus ?
Ah j’adore les plis, surtout sur les robes à tournures, même si je suis souvent trop paresseuse pour en faire beaucoup sur mes costumes !
Mais je ne peux pas ne pas citer une des robes incroyables de madame Grès, c’est juste du miel pour les yeux, et là attention si tu veux du pli, tu vas en avoir !
*Vous pouvez retrouver toutes les infos sur ces modèles dans la boutique Etsy de Sarah.
Merci à Sarah d’avoir bien voulu jouer le jeu de l’interview. Le prochain portrait sera davantage consacré au costume historique, mais d’ici là j’espère pouvoir vous montrer un peu de ma production. Bonne semaine !
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