Profitant d’un rendez-vous au musée des Arts Décoratifs jeudi dernier, j’ai visité l’exposition « Déboutonner la mode » (jusqu’au 19 juillet 2015) dont j’avais entendu du bien. Vous vous souvenez peut-être de ma critique de l’expo « L’impressionnisme et la mode » et du fait que je suis assez difficile à satisfaire en termes d’expositions, que ce soit de mode ou d’autre chose, et celle-ci ne fait pas exception.
L’expo des Arts Décoratifs a en effet des qualités (surtout sur la première partie jusqu’aux années 1910), mais elle ne m’a pas complètement satisfaite. Précisons que je l’ai visitée dans des conditions un peu bruyantes (il y avait un groupe en même temps que moi dans la salle) ce qui n’aide pas vraiment à se concentrer et à apprécier la problématique et la façon dont elle est mise en place. Néanmoins il y a de très très belles pièces (notamment ce fabuleux jupon XVIIIe brodé du Kyoto Costume Institute – malheureusement pas trouvé sur le site – et des pièces d’habits à la française brodées, mais pas encore montées) et des boutons divers très très beaux et originaux.
Malgré la circulation toujours un peu confuse dans les espaces d’expositions temporaires du musée des Arts Décoratifs, le parcours est à la fois chronologique et thématique et met en lumière la diversité des boutons en termes de matériaux, d’artisanat et de décorations. Cette grande variété et les différentes modes de boutons du XVIIIe au XXe siècles sont vraiment intéressantes et la première partie de l’exposition est à la fois foisonnante et claire dans son discours.
Une analyse de la société par le vêtement encore trop peu présente
Les pièces exposées commencent, il me semble au XVIIIe siècle (je me trompe peut-être) et se concentrent sur les vêtements très riches (le bouton étant un accessoire luxueux). J’ai trouvé un peu dommage de ne pas montrer l’alternative aux boutons sur les vêtements populaires surtout que c’est aujourd’hui pour nous difficile d’imaginer ce qui pouvait remplacer les boutons sur des vêtements.
La deuxième partie de l’exposition (à partir des années 1950 surtout) m’a beaucoup déçue (malgré quelques très belles pièces) parce qu’elle délaisse totalement la dimension sociale du vêtement par le bouton pour se concentrer sur l’utilisation des boutons dans la Haute Couture. Comme souvent les expos de mode post deuxième guerre mondiale se concentrent exclusivement sur les maisons de luxe en oubliant totalement le vêtement quotidien et en l’occurrence l’utilisation du bouton dans ce vêtement. La deuxième partie de l’expo, que j’ai trouvée assez inutile pour le propos général, est simplement un prétexte pour montrer des belles robes, ce qui n’est pas déplaisant, mais un peu agaçant. Je rêve de plus en plus d’une exposition de mode de la deuxième moitié du XXe siècle s’attachant à l’habillement quotidien et à ses implications sociales (je ne dis pas qu’il n’y en a pas, mais je n’ai pas vraiment le souvenir d’en avoir vu). De plus, à partir de la fin du XIXe siècle l’exposition oublie un peu le vêtement masculin, qui pourtant n’a jamais cessé d’utiliser des boutons.
Par ailleurs la toute dernière partie consacrée aux boutons d’artistes m’a un peu laissée sur ma faim. Bref je suis un peu mitigée sur cette exposition. Contente de l’avoir vue, contente d’avoir appris des choses (les boutons illustrés au XVIIIe siècle sont absolument passionnants), mais un peu déçue du traitement qui a été fait de la deuxième moitié du XXe siècle. Je vous conseille néanmoins d’aller la voir si vous en avez l’occasion. Il y a de très belles choses et elle n’est pas dénuée d’intérêt. Notez que, comme toujours pour les expos de mode aux Arts Décoratifs, il y fait très sombre. Une nécessité pour protéger les tissus très sensibles à la lumière, mais peut-être faudrait-il en informer les visiteurs, qui ne peuvent pas le deviner.
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