Cela fait bien longtemps que je n’ai pas participé au Historical Sew Fortnightly organisé par The Dreamstress, mais j’avais envie de costumes qui avancent vite pour changer un peu de ma polonaise toujours en cours. Du coup j’ai décidé de me motiver pour faire une jupe de dessous 1880 pour le challenge « Separate » de cette semaine. L’idée étant de faire une pièce qui peut être portée avec différentes tenues, cette sous-jupe sera destinée à aller avec une polonaise estivale de jour (la même que celle conservée au musée Galliera) et avec une future robe de bal dont l’idée commence à se préciser.
It’s been a long time I didn’t sew anything for the Historical Sew Fortnightly but I wanted some « quick » costume to change a bit of my polonaise in progress. So I decided to do the Separate Challenge with a 1880 underskirt. I want use it for a 1880 day dress inspired by a polonaise of Musée Galliera, and a 1880 bal gown.
Ce challenge est aussi un combiné du challenge « re-make, re-use, re-fashion » parce que j’ai utilisé le tissu de la première version de ma robe 1909 (dont je m’étais aussi servie pour mon déguisement de Méduse cheap). Il ne faut pas gâcher et en plus il me restait pas mal de tissu et suffisamment pour faire les plis que je projetais. Il s’agit d’un taffetas synthétique qui rend quand même pas trop mal.
Je me suis servie, pour cette jupe de dessous d’un patron reproduit dans le livre de Frances Grimble tiré de Complete Guide to Ladies’ Garment Cutting et datant de 1883. Je l’ai redessiné au feeling. J’aurais pu mettre plus de tissu à l’arrière, mais je voulais l’économiser pour les plis et je n’aime pas beaucoup les longues traines. J’ai reproduit spécifiquement le décor de plis en bas de la sous-jupe selon celui de la robe du musée Galliera. Et je les ai fixés à l’arrière à la main pour qu’ils tiennent bien.
For this underskirt I used a pattern of the book by Frances Grimble. It once was an underskirt for evening. There is no long train because I didn’t have a lot of fabric. The pleats are handsewn at the back to stay in place.
La jupe n’est pas encore totalement finie car il faut que je fixe la ceinture en fonction de la largeur des hanches que me donnera mon corset piqué rembourré. De plus, comme mes costumes ne sont jamais totalement finis, j’ai encore l’intention de coudre, juste au dessus des plis, une bande de soie blanche brodée à la main de motifs floraux verts qui ne sera visible que dans la version « robe de bal ».
The underskirt is not quite finished. I have to do the belt but before that I need to finish my quilted corset. In the future I’d like to make some embroidery for the balgown version.
The Challenge:Separate
Fabric:polester taffetas
Pattern: in Fashions of the Gilded Age Frances Grimble of a 1883 underskirt for evening.
Year:1880
Notions:None
How historically accurate is it?Pretty accurate I think, but I’m not a specialist.
Vu l’heure, je n’ai pas le courage de vous faire un post très long, mais juste un petit mot pour vous dire que mon corset piqué 1880 a bien avancé. Il me reste à faire la doublure, à poser le biais et à installer le rembourrage prévu sur les hanches. Par la suite j’ajouterai des bretelles amovibles, piquées elles aussi.
J’ai aussi commencé ma jupe de dessous pour le challenge Separate de the Dreamstress, mais ce n’est pas encore assez avancé pour vous le montrer.
Ne croyez pas que j’ai abandonné ma polonaise, je smocke toujours dès que j’ai le temps, mais comme ce n’est pas très folichon et que ça n’avance pas très vite, j’ai un peu envie de projets coutures intermédiaires et motivants. J’ai donc décidé de commencer, en parallèle, mon projet de garde-robe 1880 en commençant par le corset.
Notez bien que ce corset ne vise pas à être historique. Le but premier de ce corset est qu’il soit confortable, c’est pourquoi j’ai opté pour un corset piqué. Je le pique à la machine parce que c’est un premier essai et que je n’ai pas envie d’y passer des heures. Je n’ai encore vu aucun corset piqué de la période « Natural Form », néanmoins je trouve plausible qu’il en ait existé. Pour changer un peu, j’ai décidé d’utiliser un patron reproduit dans le livre de Frances Grimble dont je vous ai déjà parlé. Je n’ai pas le livre sous les yeux au moment où j’écris ces lignes, mais c’est un corset de toute jeune fille (de 14 à 17 ans) non baleiné et qui a la particularité d’être cousu dans le dos et lacé sur le devant. J’ai agrandi le patron miniature avec la projection radiale en prenant comme repère mon tour de taille. Après essayage de la toile je me suis rendue compte que :
1° Je n’ai plus assez de poitrine pour mettre un gousset à mes corsets.
2° Selon les proportions du corset, avec mon tour de taille je devrais avoir un tour de hanches beaucoup plus prononcé. J’ai légèrement retouché les hanches sur le devant, mais je garde les proportions des fesses telles quelles pour pouvoir les rembourrer. Parce qu’après le confort, l’objectif de ce corset est de me donner la silhouette « Natural Form » : la taille très fine et les hanches prononcées. Ne pouvant pas réduire mon tour de taille, je vais me rembourrer les hanches !
Forte de mes lectures de la fin de semaine dernière et de la découverte des corsets à bretelles je pense faire des bretelles amovibles à ce corset, et qui seront attachées par des boutons. Là encore je n’ai vu aucun exemple de corset aux bretelles fixées de cette manière, mais cela me semble aussi plausible.
Au niveau piquage du corset, ceci est un coup d’essai pour mon futur corset XVIIIe piqué. J’ai appris de mon expérience avec mon jupon piqué et j’ai décidé de modifier ma façon de faire. Ce corset va être réalisé avec ce que j’ai, c’est-à-dire du bête drap blanc tout ce qu’il y a de plus ennuyeux. Il y aura ensuite une couche de ouate (de polyester sans doute) une autre couche de drap, et enfin la doublure. J’avais acheté un coupon de drap molletonné utilisé tel quel pour mon jupon piqué, mais je trouve le résultat vraiment très très lourd et trop rigide. J’ai donc décidé de découdre le tissu, d’enlever la couche de « papier de soie » bizarre et de ne garder que la « ouate ».
Comme j’ai envie que ça avance assez vite j’ai donc opté pour le piquage machine. C’est moins propre qu’à la main, c’est sûr, mais bon, je n’avais pas la foi. Comme c’est un coup d’essai, réalisé en drap (avec quelques taches de peinture en prime), que personne ne verra jamais, j’y suis allée un peu à l’arrache sur le piquage, mais ça me semble tout à fait honorable.
À la machine il faut compter entre 1/2 heure et 3/4 d’heure de piquage pour chaque pièce je pense.
En plus de ce corset, j’ai bien envie de participer au prochain challenge Historical Sew Fortnightly pour la semaine prochaine avec une sous-jupe de robe 1880. Cela fait un moment que j’envisage de recycler cette première version de robe 1909 (qui m’a ensuite servi de déguisement de Méduse) pour une sous-jupe de polonaise 1880. J’espère avoir assez de tissu. Je pense que ça peut être assez rapide à faire (même s’il doit y avoir des plis qui ornent le bas de la jupe) reste plus qu’à avoir la foi et beaucoup coudre.
En arrêt maladie ces deux derniers jours et ne pouvant pas faire grand chose d’autre que rester avachie dans mon lit ou mon canapé, j’en ai profité pour commencer la lecture de mes Fashions of the Gilded Age de Frances Grimble. Une mention dans le volume 1 m’a interpellée, je vais donc partager cette « découverte » avec vous.
« Next to this come the corset, or if it is not worn a bodice that serves as a skirt supporter. If a corset is worn, it should never be laced tightly, should always have shoulder straps of some sort (…). The bodice, if adopted instead of a corset, should fit the body loosely and have rows of buttons around the bodice by which to suspend all the skirts that may be worn, so that their weight depends on the shoulder instead of resting upon the hips. As few skirts should be worn as possible (…). »
Cette citation du livre de Frances Grimble est elle-même tirée de : Duffey, Mrs E.B., Ladies’ and Gentlemen’s Etiquette: A Complete Manual of the Manners and Dress of American Society, Philadelphia, Henry t. Coates & Co., 1877.
Pour les non anglophones je vais vous la traduire grossièrement (sachant que je ne suis vraiment pas la reine de l’anglais ni de la traduction) :
« Par-dessus cela vient le corset, ou s’il n’est pas porté un corsage qui sert de support pour la jupe. Si un corset est porté, il ne devrait jamais être lacé trop serré, il devrait toujours avoir des bretelles ou un genre de bretelles (…). Le corsage, s’il est adopté à la place d’un corset, doit être assez lâche et avoir des rangées de boutons autour du corsage par lesquels suspendre toutes les jupes qui peuvent être portées, afin que leur poids pèse sur les épaules au lieu de reposer sur les hanches. Aussi peu de jupes qu’il est possible devraient être portées (…). »
Plusieurs choses m’intéressent dans ce court passage. Déjà il semble, qu’aux États Unis au moins, il soit loin d’être impératif de porter un corset sous ses vêtements. Ensuite la mention de « bretelles » au corset m’interpelle vraiment parce que je n’ai jamais vu de patrons de corset de la période qui m’intéresse (1877-1882), ni même antérieurs avec des bretelles. Il me semble que l’immense majorité des corsets du XIXe ne possède pas de bretelles et repose donc de facto, principalement sur les hanches.
Ensuite je m’interroge sur ce corsage pouvant remplacer le corset. Il s’agit d’un vrai corsage (qui ressemble un peu à un cache-corset je trouve) et qui possède donc des bretelles. Cela paraît donc faire sens que des boutons y soient ajoutés pour que le poids des jupes soit en partie supporté pour les épaules. Mais dans le cas où on porte un corset (donc sans bretelles a priori), le poids des jupes est soutenu comment ? Le passage ne mentionne pas de boutons sur le corset pour soutenir les jupes. J’ai déjà vu plusieurs exemples de corsets XIXe possédant un crochet à l’avant (et peut-être aussi à l’arrière ?), mais il est dans le mauvais sens. Je m’explique…
Vous remarquez le crochet positionné sous la ligne de taille sur l’avant du corset. Positionné dans ce sens là il paraît plus présent pour empêcher les jupons de remonter ou pour retenir un laçage plutôt que pour soutenir le poids de quelque chose. Donc le crochet ne nous est pas de grande utilité pour soutenir les jupes et si boutons il y avait sur le corset je n’en ai jamais vu d’exemples conservés. D’ailleurs, ceux-ci ne seraient pas de grande utilité puisqu’il n’y a pas de bretelles pouvant aider à soulager les hanches du poids des jupes. On peut donc supposer qu’il y a un système de boutons sur le cache-corset ou même directement dans le corsage de la robe à proprement parler. En tout cas je n’en ai pas encore vu mention. Or en tant que « reconstituteurs »/ »costumiers » on ne peut pas négliger ce poids des jupes. Je n’ai encore jamais porté de robe Natural Form suffisamment longtemps, en revanche je peux vous dire que 3 heures de port d’une crinoline sont une torture pour mes hanches. Je ne sais pas comment font les costumières pour le supporter, ou peut-être que je suis une chochotte, n’empêche que tout cet attirail a un poids non négligeable. La lecture de ce passage m’aura en tout cas permis de prendre conscience qu’une solution doit être trouvée pour libérer les hanches du poids de tout ce tissu et je ferai une modification sur ma crinoline de bal à cet effet : je vais installer des boutons sur l’envers de mon corsage et des liens sur le haut de la jupe afin de la suspendre directement au corsage. Il faudra ensuite que je trouve une solution pour les jupons.
Cette longue parenthèse fermée, une autre partie de ce passage de 1877 m’intéresse, c’est l’allusion au nombre de jupes. D’après le livre de Frances Grimble il semble, en effet, que l’on portait peu de jupons sous ses jupes. Il n’est pas fait mention de « petticoat », c’est-à-dire de jupon (C’est une erreur de ma part, il y a bien quelques patrons de « petticoat » visant principalement à dissimuler du baleinage de tournure, mais il y a quand même quelques modèles de jupon de dessous), mais d' »underskirt » (sous-jupe, qui dépasse généralement en bas de la robe) et « overskirt » (sur-jupe, sur laquelle sont fixés les bouillonnés). J’aurais tendance à penser qu’il faut quand même au minimum une sous-jupe en guise de jupon, puis une sous-jupe et une sur-jupe assorties au corsage, mais c’est encore assez flou pour le moment.
Voilà pour le moment le fruit de mes lectures pour mon projet de garde-robe 1880. Si je ne suis pas trop fainéante aujourd’hui, je commencerai mon corset piqué de jeune fille…
EDIT : Grâce à l’aide d’Heileen, quelques exemples de corsets avec bretelles ici, là, ou encore là.
Je suis très silencieuse en ce moment et je ne couds pas beaucoup, mais je n’ai pas abandonné les costumes (je peux même dire que j’y pense constamment) et j’ai fait l’acquisition, tout récemment, de deux livres qui vont jouer un rôle important dans mes recherches sur le garde-robe des femmes en 1880.
Il s’agit de deux tomes d’un livre de Frances Grimble retraçant tous les éléments d’une garde-robe pendant la période qu’on appelle aujourd’hui « natural form » (notez que pour le moment je n’ai pas rencontré de traces qui prouve que l’appellation est historique et j’avoue que j’en doute un peu) c’est-à-dire la période allant de 1877 à 1882. Cette période vestimentaire se caractérise par une découpe moulant la taille et les hanches (ce que l’on appelle la découpe « princesse »). Il est important de noter qu’entre 1877 et 1882 la forme générale des tenues a légèrement évolué.
Ces livres sont une vraie mine d’or pour moi parce qu’ils reproduisent des patrons miniatures dessinés dans des journaux d’époque (notamment dans Harper’s Bazaar). Je vais donc pouvoir les utiliser. De plus ces livres brossent toute la garde-robe d’une femme de cette époque et ne parlent pas uniquement des habituelles robes de jour et robes de bal. Pour le moment j’ai plusieurs projets 1880 sur lesquels je pourrai me pencher cet été :
une chemise de dessous et une paire de pantalons,
un corset piqué de très jeune fille (faisons comme si j’avais 14 ans),
une polonaise d’été (d’après un modèle conservé au musée Galliera),
Après avoir consacré une première partie sur les différentes toilettes de la journée présentées par Mme Emmeline Raymond dans Le secret des Parisiennes, je vais revenir sur les éléments annexes d’une tenue (mais absolument indispensables).
La lingerie
Par lingerie, Mme Emmeline Raymond me paraît entendre les pièces de linge qui dépassent de la tenue comme les cols et les poignets. Elle évoque les jupons (dont je parlerai un peu plus bas), mais en aucun cas les chemise de corps, pantalon, corset et tournure. Ici donc elle nous explique qu’il y a une lingerie adaptée aux différentes heures. Ainsi « la lingerie sera entièrement unie pour les toilettes matinales« , tandis que pour les demi toilettes les « cols et poignets sont bordés d’une mignonne bande festonnée et brodée ayant trois quarts de centimètres de largeur. L’élégance de la broderie est tout entière dans sa finesse ». La lingerie qui accompagne les toilettes plus parées est, elle, en batiste ou toile-batiste et mélangée de dentelle de valencienne ou de guipure blanche (avec des papillons, des fleurs ou des arabesques de dentelle en guise de décoration). Encore une fois « le luxe consiste dans l’extrême finesse des dentelles ».
La lingerie des toilettes du soir est, quant à elle beaucoup plus riche, mais il est absolument impensable de montrer « des sous manches de tulle ornées de dentelles et de ruban » le jour dans la rue !
Mme Emmeline Raymond, qui attache une énorme importance à l’économie, nous dit cependant :
« surtout, surtout… point de mesquines économies faites aux dépens d’une netteté scrupuleuse ».
Les accessoires
Selon Mme Emmeline Raymond c’est le soin aux détails qui donne aux toilettes les plus simples un aspect élégant. Ainsi, si l’on fait des économies sur les robes, on n’en fait pas sur les gants, les chaussures et les chapeaux. Des gants « fanés, décousus, qui ont perdu un bouton » sont impensables tout comme il est impensable de sortir avec un chapeau qui ne respecte pas scrupuleusement la forme à la mode.
Les gants : le matin, on ne porte surtout pas de gants de nuances trop claires. On préfère des tons bruns et chamois plus ou moins foncés selon que la toilette est plus ou moins élégante. « Les gants blancs et les gants jaune paille ne se portent jamais pendant le jour ». D’ailleurs, « lorsqu’elles vont au spectacle, à quelque dîner ou bien à quelque soirée, elles mettent par dessus leurs gants blancs ou jaune, de gros gants en cachemire lesquels en garantissant leurs mains contre le froid, préservent en même temps la fraîcheur de leurs gants et permettent à ceux-ci de se montrer parfaitement intacts. »
Les chaussures : le matin en été, on opte pour des « bottines en légère étoffe de laine gris clair garnies de maroquin gris » ou des bottines en maroquin brun doré. Les bottes, quant à elle, ont eu un succès limité, nous dit Mme Emmeline Raymond, et elles ne peuvent, de toute façon, pas être portées en été.
Les chapeaux : selon Mme Emmeline Raymond on peut se contenter de deux chapeaux pour l’été. Quant aux brides, si elles sont trop molles, elle nous conseille de placer une épingle à l’intérieur de chaque boucle pour bien étaler le nœud et le maintenir en place. On ne jette surtout pas un chapeau démodé, on le recoupe ! Ainsi les chapeaux se voient ajouter et enlever des éléments afin de rester toujours à la pointe de la mode. On peut par exemple utiliser un chapeau de visite d’hiver pour remplir le service actif du matin (mais en prenant soin, dans ce cas, de le débarrasser de ses plumes). Les chapeaux, quand ils sont gris ou noir, doivent avoir des rubans ou des fleurs de couleur tranchante pour réveiller le tout.
La pointe en dentelle de laine ou de chantilly est, apparemment, idéale pour les toilettes d’été que l’on peut porter sur le pardessus lorsqu’il est identique à la robe. Cependant, il n’est pas question de porter une pointe en dentelle avec une robe qui coûterait moins de 70 ou 80 francs. Elle est donc réservée aux robes en soie, foulard, organdis… Pour le moment je ne visualise pas tellement ces pointes en dentelle, mais je me pencherai sur la question.
Le pardessus : Mme Emmeline Raymond nous dit que les paletots et pelisses de taffetas noir vont avec tout, mais qu’ils coûtent cher, elle conseille donc aux bourses légères d’opter pour un pardessus ou un paletot pareil à la robe (dont la garniture est donc la même que celle de la robe).
Les sacs : Mme Emmeline Raymond donne aussi des conseils pour porter élégamment un sac ; il faut laisser la poignée reposer sur l’avant bras que l’on ramène contre soi. Non seulement ça permet de rester élégante, mais aussi de garder les mains libres pour un éventuel manchon ou un parapluie (parce qu’à Paris, même en 1880, il pleut beaucoup).
Le châle est un basique indémodable. Il ne change pas et peut se porter avec absolument tout. « Les Parisiennes économes portent beaucoup de châles. »
Au niveau des teintes, le même principe que pour les toilettes de jour est observé pour les chapeaux et pardessus.
Les jupons
La partie sur les jupons m’a beaucoup étonnée. Green Martha a écrit un article très intéressant sur les jupons de la période 1890 où elle nous explique que le jupon est loin d’être toujours blanc comme nous pouvons avoir tendance à le penser en tant que costumiers amateurs. C’est également vrai pour la décennie 1880. Mme Emmeline Raymond indique à ses lectrices que les Parisiennes ont au moins deux jupons (en étoffe de laine plus ou moins légère) :
un jupon simple pour la toilette du matin et les jours de pluie : celui-ci est « blanc et noir à rayures ou bien à carreaux avec une modeste garniture en velours ou bien un galon de laine ». Ce jupon est « le jupon de tout le monde ».
et l’autre plus élégant et plus neuf pour les jours clairs et secs et les toilettes de visites : celui là « sera fait en cachemire gris, noir ou blanc, il sera orné de galon cachemire, ou de galon écossais, ou de broderie orientale ou même d’entre deux en imitation de dentelle noire.
Le jupon est d’autant plus important que la mode est aux jupes relevées à la ville, nous dit-elle. Néanmoins la décoration des jupons ne connaît pas de règles et est laissée au libre goût de leurs propriétaires.
Le blanc pour les jupons est délaissé pour les tenues de jour en raison de la boue et du macadam. Le jupon de couleur est donc de rigueur en journée, le jupon blanc ne sort qu’avec les toilettes de soirée et de bal.
Mme Emmeline Raymond nous donne un autre secret des Parisiennes pour rester élégante en toute circonstance, même chargée de paquets : « une poche immense attachée au jupon« . Cette poche de « 50 centimètres de longueur », Mme Emmeline Raymond l’ajoute sur tous ses jupons d’hiver afin de garder les mains libres ! (Et là j’ai envie de dire : merci Mme Raymond !)
Voilà, j’ai fait à peu près le tour de ce livre, qui était une vraie mine d’or. Il ne faut pas prendre pour parole d’évangile tout ce que nous a dit Mme Emmeline Raymond, mais ses prescriptions constituent une bonne base pour se faire une idée précise de la garde-robe d’une femme au début des années 1880. Il me reste de nombreuses choses à étudier, mais ce Secret des Parisiennes m’a déjà donné pas mal à réfléchir.
Tout ce qui est entre guillemets est tiré du livre Le secret des Parisiennes suivi de Mélanges, par Mme Emmeline Raymond, Bibliothèque des Mères de famille, 1883 (2e édition). Source : Gallica.
Après quelques généralités sur la Parisienne en 1883 vue par Mme Emmeline Raymond (qui n’est pas seulement chroniqueuse, mais aussi rédactrice en chef de la revue « La Mode Illustrée » comme me l’a souligné Green Martha), rentrons dans le vif du sujet : si la Parisienne est l’élégance incarnée, de quoi est donc constituée sa garde-robe et quels sont ses secrets ?
Dans Le secret des Parisiennes, Mme Emmeline Raymond s’adresse aux femmes d’un revenu moyen et nous parle de mode sous l’angle de la morale. Une bonne Parisienne est quelqu’un de raisonnable et économe qui n’est pas victime de la mode, mais pour qui cette dernière n’a pas de secrets.
Les toilettes de jour
Quand les ressources du ménage sont serrées, il convient d’adopter des couleurs neutres « qui s’accommodent du voisinage de toutes les teintes ». Ce conseil (qui serait toujours valable aujourd’hui) explique « la fortune du noir pour l’hiver » et « des teintes grises et havanes pour toutes les saisons ». Les Parisiennes préfèrent des garnitures simples afin d’être préservées « des bouleversements trop soudains ». Même si la mode, ne change pas si vite que ça.
Quand on habite loin de Paris, on s’imagine volontiers que la mode change chaque jour, et que l’on aurait un aspect suranné en portant des vêtements ou même des ornements de robes déjà connus (…) c’est une erreur (…) les changements procèdent par transitions, par lentes transformations, et plutôt dans l’ensemble que dans les détails. »
À propos des garnitures d’ailleurs :
« la mode ne prend pas la peine de fixer la date de ces innombrables détails et en abandonne le choix au goût particulier de chaque personne. »
De plus en plus de femmes savent « préparer leurs coiffures, bonnets, tailler et préparer tout au moins les pardessus et les robes de demi toilette ». Cette évolution, nous dit Mme Emmeline Raymond est liée à l’augmentation du coût de la main d’œuvre et « des sommes énormes exigées par quelques couturières de renom ». D’ailleurs, cela n’est pas compliqué car favorisé par le mode :
« Jamais la mode n’a été si favorable qu’en ce moment à ces diverses combinaisons car elle est fait de pièces et de morceaux : elle permet l’alliage de plusieurs couleurs, elle autorise les corsages qui diffèrent de la robe (…) »
Mme Emmeline Raymond évoque, par exemple la fortune du « corsage en cachemire » qui est commode parce qu’il peut être porté avec une jupe dépareillée (pour le moment, je ne visualise pas tellement à quoi ressemble ce fameux corsage en cachemire).
La rédactrice en chef de la Mode Illustrée appelle donc ses lectrices à la raison : mieux vaut, selon elle, mettre souvent une toilette à la mode que de dépenser trop pour laisser des tenues au placard. Seules des femmes frivoles et extravagantes pourraient reprocher à une femme aux revenus modestes, de s’habiller selon ses revenus, or l’opinion des personnalités moralement douteuses doit glisser sur les femmes raisonnables comme l’eau sur les plumes d’un canard. Ainsi Mme Emmeline Raymond ne voit pas plus de trois toilettes nécessaires dans la garde robe d’une Parisienne en été, le plus important étant de respecter les formes à la mode :
La toilette du matin (« pour les courses de ménage et d’emplettes ») : ce doit être « une robe en légère étoffe de laine grise, chinée ou rayée de noir« , « un petit paletot ou pardessus quelconque » (la garniture doit être simple : lacets noirs de laine ou une « ruche à la vieille » => ne me demandez pas, pour l’instant je ne sais pas ce que c’est), et d’un chapeau en grosse paille grise « avec de gros rubans vert, bleu ou à carreaux écossais ».
La toilette de visite intime (ou demi toilette) : elle est en alpaga ou en mohair « gris argent ou havane clair ». Le pardessus est pareil à la robe et la garniture est un peu plus élégante que celle de la toilette du matin (passementerie ou broderie en soutache ou lacets de soie). Le chapeau est de crin noir ou de couleur.
La toilette de visite ou de promenade plus parée est plus ou moins riche en fonction des moyens de la dame. Elle est en « poil de chèvre de nuance unie ou fond blanc avec des carreaux ou rayures » : la garniture est en soie et doit être impérativement (!) de même nuance que la couleur des rayures ou des carreaux. Cette toilette de visite plus parée peut également être en « foulard uni ou bien à dessins », en « grenadine de laine », en « taffetas léger de nuance claire » ou encore en « organdi imprimé ». On la porte avec un chapeau plus élégant en crin blanc ou en paille blanche de fantaisie ornée de plumes ou de fleurs. Il convient d’ailleurs de noter ici que c’est le seul chapeau que l’on orne. De bon matin, une Parisienne comme il faut selon Mme Emmeline Raymond ne porte pas de plumes à son chapeau : une vraie Parisienne ne doit jamais être trop parée tôt dans la journée (la toilette du matin reste donc sobre et peu ornée). Par ailleurs, en été, on ne porte, a priori, pas de soie (les soieries légères sont surtout réservées au printemps et à l’automne).
Selon notre rédactrice en chef, ces trois simples robes de journée peuvent suffire pour toute une saison. Elle ajoute d’ailleurs qu’on « trouve toujours, parmi les robes de la saison précédente, au moins l’une de ces trois toilettes ». « Le secret des parisiennes consiste à n’avoir point de robes qui fassent double emploi », sinon on ne sait plus laquelle mettre, les robes restent au placard, et où va le monde ma bonne dame !?
Ajoutons que si elle est riche, la Parisienne peut supprimer un échelon et sa demi toilette (j’imagine donc qu’il s’agit de la toilette de visite intime) devient sa toilette du matin.
Pour l’hiver, la toilette du matin doit être en tissu simple, solide et de couleur modeste afin de « passer inaperçu » (cela semble indispensable à Mme Emmeline Raymond de passer inaperçu) et de braver les intempéries. En outre Mme Emmeline Raymond nous indique que la toilette de visite qui circule à pied n’est pas aussi parée que la toilette de visite qui circule en voiture (à cheval, cela s’entend).
À pied il convient d’être simple et sobre même si l’on porte de riches soieries et des dentelles. Les nuances doivent être foncées, les gants en teinte demi-claire et on s’accompagne évidemment d’un parapluie.
En voiture, la toilette de visite peut être un peu plus parée, mais attention tout de même à ne pas faire sapin de Noël ! Ce petit paragraphe au sujet des tenues de visite portées en voiture m’a bien fait rire :
« Quant aux toilettes de visite circulant en voiture elles atteignent en ce moment des limites d’excentricité qu’il sera difficile de dépasser : ce sont des costumes empruntés à tous les siècles, à tous les pays, surchargés de verroteries, de couleurs tranchantes, ouverts et relevés par devant sur des jupons de soie, de nuance vive, garnis de volants de dentelle, ornés de glands, de perles, enfin défiant toute analyse. Je n’ai pas besoin d’ajouter que la véritable Parisienne, j’entends celle qui n’aime pas à faire concurrence aux dames qui composent, le jour du mardi gras, la suite du bœuf couronné, se préserve soigneusement de ces toilettes trop caractéristiques, et ne pense pas que sa voiture soit l’asile inviolable de toutes les excentricités (…) «
Une Parisienne économe n’achète pas de toilette d’intérieur. Mme Emmeline Raymond nous apprend que c’est « la mode des vestes qui permet d’user chez elle les jupes des robes du matin ou des robes de visite qui ne peuvent plus affronter le grand jour ». « La veste de drap ou de cachemire dure fort longtemps, et compose, avec une jupe quelconque, un costume d’intérieur parfaitement convenable ».
Contrairement à ce que je croyais les tenues de jour reçoivent un soin plus empressé que les toilettes du soir, car elles « sont destinées à un service actif ». À plusieurs reprises Mme Emmeline Raymond nous dit que si la toilette du matin « ne peut plus affronter le grand jour il faut la remplacer par un tissu solide (popeline de laine et soie ou bien toile de laine). Il faut payer cette robe au moins 40 ou 45 francs car « à ce prix la robe pourra remplir les fonctions fatigantes qui lui sont assignées pendant 3 hivers au moins ». On voit donc qu’il n’est pas question de changer de toilettes à toutes les saisons. Les toilettes fatiguées qui ne peuvent plus « affronter le grand jour » sont conservées pour les journées d’hiver rigoureuses où il faut absolument sortir : « on revêt l’ancienne toilette du matin pour ménager la fraîcheur de celle qui lui a succédé ».
Mme Emmeline Raymond nous dit aussi que l’on peut utiliser une toilette de visite pour en faire une toilette du matin « en enlevant les garnitures trop ambitieuses, trop compliquées ».
Les toilettes de visite en hiver sont des robes en taffetas noir ou foncé ou en soierie brochée. Lorsqu’elles « ont perdu leur fraîcheur », elles peuvent être transformées en toilettes de spectacle :
Une parisienne ne mettra pas une robe neuve pour aller au théâtre ; elle n’exposera pas cette robe à être froissée dans les places toujours trop exiguës que l’on accorde aux spectateurs, mais elle saura embellir sa toilette par un joli chapeau, un châle, ou bien un mantelet et des gants de couleur claire. »
Les toilettes du soir
Les toilettes de dîner sont confectionnées dans des tissus de nuance claire ou demi-claire. Les vieilles femmes portent le corsage montant, les corsages des jeunes femmes sont, quant à eux, « décolletés et accompagnés d’un fichu ou d’une veste fichu à manches demi-longues en tulle et dentelle pour les jeunes femmes ». « Les jeunes filles mettent en toute circonstance des corsages blancs, montant ou demi décolletés avec ceintures et corselets ; quant à la robe les nuances grises, abricot, bleu clair, mauve, vert clair sont indifféremment admises. » Cette mention de « ceintures et corselets » m’a un peu étonnée pour la période du début des années 1880 et je ne parviens à visualiser de quoi il s’agit.
Il faut noter qu’en hiver c’est la couleur d’une robe qui marque son degré d’élégance : plus la teinte est claire et plus on est parée, même si l’étoffe foncée est riche.
Les toilettes de soirées sont comme les toilettes de dîner sauf qu’elles sont décolletées et portées sans fichu. Il faut distinguer les toilettes de soirée des toilettes de bal (les unes ne dansent pas et les autres dansent). Ici Mme Emmeline Raymond se fend d’un petit laïus sur les règles de décolletés au théâtre et à l’opéra (qui mériteront à elles seules une recherche). Celles-ci sont très strictes : à l’Opéra français et au Théâtre Italien les premières loges doivent être en toilette de bal tandis que cette toilette de bal serait déplacée dans l’amphithéâtre où il convient de porter d’élégantes toilettes de ville avec un chapeau en tulle blanc ou en tulle de couleur. Dans des théâtres un peu moins importants, mais importants quand même, la toilette de bal n’est plus de rigueur, mais les premières loges doivent tout de même porter des corsages décolletés. Dans tous les théâtres de moindre importance il est impossible d’exhiber des corsages décolletés. On sera donc prévenu pour la bienséance !
Les toilettes de dîner et de soirée peuvent être composées avec des éléments empruntés aux toilettes de jour d’été, à la condition expresse qu’ils soient de teinte claire. Pour les jeunes filles Mme Emmeline Raymond conseille des jupes claires, associées à un corsage blanc, une ceinture large à haute boucle ou une ceinture à basques ou à pans. Ces corsages blancs semblent être adorés par notre rédactrice qui précise qu’ils peuvent, à la rigueur être portée jusqu’à 35 ans si l’on a la taille fine, et parfois même jusqu’à 40 ans, lorsque la dame est très mince. Pour les tenues du soir, la mode favorise apparemment l’usage des garnitures de couleurs tranchantes (voyez pourquoi j’aurais aimé avoir une indication précise de la date de publication de ces chroniques !). Les tenues de dîner et de soirée des jeunes femmes sont composées de « tissus de fantaisie blancs » : une étoffe légère avec des ornements plus ou moins compliqués en taffetas bleu, cerise, bouton d’or, rose ou rouge avec un entre-deux noir « en imitation » (?) pour atténuer la teinte de l’ornement (une jeune fille peut adopter les mêmes combinaisons mais sans l’entre-deux noir).
Notez que d’un point de vue couleur, il faut abandonner le rose pendant l’époque qui marque la transition de la jeunesse à l’âge mûr.
Voilà pour les prescriptions de Mme Emmeline Raymond pour les diverses toilettes de la journée. La deuxième partie de cet article sera réservée à la lingerie, aux jupons et aux accessoires.
Toutes les mentions entre guillemets sont des citations tirées de Le secret des Parisiennes, suivi de Mélanges, par Mme Emmeline Raymond, Bibliothèque des mères de famille, 1883 (2e édition). Source : Gallica.
Avec cet article (et ceux qui vont suivre) j’inaugure une nouvelle catégorie sur ce blog : Histoire du costume. Je me propose de ranger, dans cette catégorie, le résultat de mes recherches concernant le costume historique (et je préfère d’ailleurs parler de mode, car il faut garder à l’esprit que toutes ces robes qui nous font rêver aujourd’hui vivaient leur vie de robe, étaient maintes fois reprises et mises au goût du jour).
Mes centres d’intérêts en tant qu’ancienne étudiante en histoire de l’art portent sur la naissance des avant-gardes, qu’elles datent de 1870, 1910 ou 1960. Je suis fascinée par la formation des avant-gardes, et on ne peut pas étudier une avant-garde sans observer la société qui l’a vue naître. À cet égard la deuxième moitié du XIXe siècle m’intéresse beaucoup : non seulement parce que la mode de cette époque me plaît, mais aussi parce que les bouleversements dans la société, l’art et la littérature sont assez passionnants. Il est donc probable que mes recherches en rapport avec le costume porteront principalement sur cette deuxième moitié du XIXe siècle (chacun son dada ^^).
La Parisienne, what else ?
Comme je l’avais déjà évoqué sur ce blog, j’ai envie de me pencher sur la garde-robe des femmes en 1880. En parallèle de mon projet de polonaise qui avance tranquillement, j’ai donc commencé à faire des recherches de périodiques de mode des années 1879 à 1881 sur les ressources numérisées de la BNF : Gallica. Ce site est une mine d’or quand on ne cherche rien de précis et je suis donc tombée, complètement par hasard, sur un livre passionnant dont je devais à tout prix vous parler :
Le secret des Parisiennes, suivi de Mélanges, par Mme Emmeline Raymond, Bibliothèque des Mères de famille, 1883 (2e édition).
Cette Mme Emmeline Raymond est une rédactrice la rédactrice en chef de la revue « La Mode Illustrée« , et le texte qui nous intéresse (Le secret des parisiennes) semble être une compilation de chroniques publiées dans la-dite revue. Ce qui m’ennuie c’est que je ne connais pas la date de parution de ces textes dans la Mode Illustrée. Je doute qu’ils soient antérieurs à 1880, mais la question a son importance, vous le verrez dans le prochain article, parce qu’elle y décrit la garde-robe indispensable d’une vraie Parisienne.
Avant d’entamer la question de la garde robe (qui nous intéresse particulièrement ici), j’aimerais revenir sur ce mythe de la Parisienne que l’on connaît sans connaître. Si je m’en réfère au texte écrit par Françoise Tétart-Vittu dans le catalogue de l’expositionL’impressionnisme et la mode, qui a eu lieu au musée d’Orsay l’hiver dernier, l’idée de la Parisienne naît dans les années 1863-1869 et est associée à un côté canaille. Dans les années 1874 et 1875, Renoir puis Manet peignent la Parisienne et l’élèvent au rang de l’élégance suprême. Dans les années 1880 l’archétype de la Parisienne est bien établi toujours selon Françoise Tétart-Vittu, il n’est donc pas étonnant de le retrouver dans les chroniques de Mme Emmeline Raymond. Pour ma part je croyais que l’élégance de la Parisienne signifiait qu’il s’agissait d’une femme coquette, toujours à la pointe de la mode, qui étrennait de nouvelles toilettes à chaque sortie. Sur ce dernier point Mme Emmeline Raymond m’a très vite détrompée en notant bien qu’il y a Parisienne et Parisienne. Il y a la Parisienne cocotte et flambeuse et il y a la Parisienne économe. Or, la vraie Parisienne, c’est cette dernière (en tout cas selon Mme Emmeline Raymond).
« Quand on habite loin de Paris, on s’imagine volontiers que la mode change chaque jour, et que l’on aurait un aspect suranné en portant des vêtements ou même des ornements de robe déjà connus (…) »
Pourtant, c’est parfaitement faux. Ce texte tiré de « La Mode Illustrée » nous fait donc prendre conscience qu’une vraie Parisienne use ses robes jusqu’à la moelle. Elle reporte les mêmes toilettes encore et encore en restant pourtant à la pointe de la mode.
« La principale condition à observer, si l’on veut agir avec l’habileté qui caractérise les Parisiennes, est d’abord de n’acheter que le strict nécessaire, en fait de toilettes, et de porter ces toilettes dès qu’elles sont faites, c’est à dire pendant qu’elles sont à la mode. (…) Point de provisions en fait de toilettes ! (…) Les personnes qui sont disposées à faire des accumulations inutiles sont toujours mal vêtues car elles adoptent une mode quelconque, seulement au moment où les autres femmes, mieux avisées, l’abandonnent pour suivre les prescriptions de la mode nouvelle. »
Les Parisiennes préfèrent donc des robes simples, de couleurs sobres qui vont avec tout et aux garnitures simples qui les préservent « des bouleversements trop soudains ». Tout cela est possible car « les changements procèdent par transitions, par lentes transformations, et plutôt dans l’ensemble que dans les détails du costume », c’est ainsi que l’on transforme volontiers les quelques robes que l’on possède afin de les mettre au goût du jour. C’est une époque où les femmes ont appris à modifier les garnitures pour pouvoir renouveler leurs vêtements démodés. Mme Emmeline Raymond indique que les tâches des femmes ont changées. Avant elles brodaient pour faire des choses très belles et inutiles tandis qu’aujourd’hui (en 1883) elles cousent plutôt qu’elles ne brodent car « l’utilité est la devise de notre siècle ». Si ce développement de la couture domestique joue un rôle important dans l’économie des ménages, la rédactrice de « La Mode Illustrée » estime que ce « travail utile retient une femme au logis » en la préservant des tentations et en lui apprenant à aimer et à s’occuper de sa maison.
Ainsi la vraie Parisienne selon Mme Emmeline Raymond est raisonnable et économe, mais de quoi doit être constituée sa garde robe de base ? Comment parvient-elle à être toujours élégante ? C’est ce que nous verrons dans la suite de cet article…
Je suis maniaque. Vraiment maniaque. Particulièrement pour la finition/décoration de mes costumes. En fait je trouve que les costumes historiques que nous, couturiers amateurs, réalisons ne sont jamais assez décorés (c’est particulièrement frappant pour les costumes à partir du milieu du XIXe siècle d’ailleurs). Du coup j’ai constamment envie de reprendre des vieux costumes pour les améliorer encore et encore. Cette maniaquerie a d’ailleurs l’avantage de me faire faire des économies. ^^
Non contente d’avoir amélioré ma robe de demoiselle d’honneur pour quelque chose de beaucoup plus confortable/joli/historique, j’ai encore envie de la retravailler. Pourquoi ? Parce que cette robe a des manches 3/4 et un décolleté « important » (pour du XIXe siècle, cela s’entend), elle serait donc beaucoup plus appropriée pour une robe de réception ou d’opéra plutôt que pour une robe de jour. En plus, ça tombe, bien je vais voir un ballet à l’opéra en costumes en juillet.
L’envie subite de la reprendre vient d’une image sur laquelle je suis tombée sur Facebook dont j’ai réussi à retrouver la source :
Pour rappel, voilà à quoi ma robe ressemble actuellement :
J’ai donc l’intention de démonter encore une fois la doublure pour reprendre les épaules (c’est taillé trop grand et ce n’est pas très beau), d’ajouter des plis de mousseline de soie amidonnée sur le décolleté ainsi que des ruchés « coquillage » (que j’ai testé pour ma robe de bal 1810-1815), de supprimer le revers des manches et de le remplacer par des plis de mousseline amidonnée et un ruché identique à celui du décolleté. Je voudrais aussi faire une balayeuse sous le bouillonné avec des plis qui dépassent légèrement.
Mon objectif est de rendre cette robe la plus historique possible même s’il y a un défaut majeur contre lequel je ne peux plus rien faire sinon la jeter et en faire une autre : la coupe.
En effet la coupe de cette robe n’est pas correcte historiquement parlant. Là, mon devant et mon dos sont chacun en 2X2 parties (si vous regardez bien il y a une couture verticale qui passe sur la poitrine). Or je pense qu’il aurait fallu qu’ils soient en 2X1 partie avec simplement de larges pinces au niveau de la taille pour donner la forme sablier (que l’on n’a pas du tout ici malheureusement). Hélas quand j’ai fait cette robe je n’avais pas encore observé assez de robes d’époques, mais c’est en faisant des erreurs que l’on progresse. Je vais donc m’atteler à de nouvelles transformations, il ne sera pas dit que j’abandonne mes vieux costumes à leur triste sort !
Rassurez-vous, je n’oublie pas non plus mon projet de polonaise. Je l’ai repris depuis le week end Regency. J’ai enfin cousu à la main l’ourlet du jupon piqué (il était temps !) et j’ai commencé la décoration en smocks de la deuxième manche. À suivre…
Je vous parlais d’un projet au long cours dans lequel j’avais envie de me lancer, le voilà : par frustration des sorties en costumes où l’on porte globalement toujours le même type de robes (robe de jour ou robe de bal), j’ai envie de me faire la garde robe complète d’une jeune mariée de l’année 1880. Cela ira donc de la chemise de nuit à la robe pour l’opéra en passant par la robe du matin, la robe de visite, la robe de bal, le négligé, la tenue de plage. Bref, tout. Et pour l’année 1880 exclusivement. Pourquoi 1880 ? Parce que c’est la période natural form (c’est-à-dire la période où les robes soulignent les hanches et ont des bouillonnés assez bas à l’arrière) et que je trouve ça trop classe.
Voici une petite sélection de mon pinterest (sur lequel vous aurez plus de détails sur la fonction et l’origine) des vêtements qui me trottent dans la tête. La plupart des images ont été trouvé grâce à OMG that Dress!, que je ne saurais que trop vous conseiller :
Vous vous demandez sans doute quand j’aurai l’occasion de porter tout cela ? Et bien j’aimerais à terme faire une série photographique avec d’autres costumés. Alors tous en natural form ! 😉