HSM’15 #8 Heirlooms & Heritage : Autopsie d’une robe années 1920

Autposie robe années 20 Mode d'Hier et d'Aujourd'hui

Pour le mois d’août, le challenge du Historical Sew Monthly s’intéresse aux héritages familiaux, l’idée étant de coudre une pièce qu’un ancêtre aurait pu porter. Comme je suis déjà super à la bourre sur le challenge de juin « Out of your comfort zone » et que j’ai fait l’impasse sur le challenge de juillet « Accessorize » (j’essayerai de le faire en décembre pour le « Redo » challenge), il n’était pas vraiment question de coudre en août, mais je voulais quand même apporter ma contribution.

Il se trouve que je possède (en fait, techniquement c’est plutôt ma mère d’ailleurs) deux vêtements de famille assez anciens (une robe années 20 et un corsage à petits plis 1900) que je ne vous ai jamais montré sur le blog. Je me suis dit que ce challenge était donc l’occasion de le faire. Je vais commencer par la robe années 1920 et je ferai un autre post sur le corsage 1900.

autopsie d'une robe années 1920
La robe années 1920 de mon arrière grand-tante : les couleurs font n’importe quoi sur cette photo, elles rendent beaucoup mieux sur les suivantes

Donc cette robe appartenait vraisemblablement à une tante de mon grand-père, morte très jeune de je ne sais plus quelle maladie (elle n’avait pas 30 ans je crois). Ma grand-mère pense qu’elle a été faite par une couturière, en tout cas elle a été très très bien faite (les coutures de construction sont machine, toutes les finitions sont faites main). Elle me va (enfin elle m’allait il y a 10 ans, mais je n’ai pas tellement changé depuis) et c’est assez émouvant de se dire que cette aïeule faisait la même taille que moi.

haut robe années 1920
Le haut de la robe avec les bonnes couleurs
dos robe années 1920
Le haut du dos de la robe

J’adore cette robe parce que je la trouve super originale. La famille de mon grand-père était une famille de médecins de campagne dans l’Hérault, pas exactement une famille où on s’éclate tous les jours et où on dépense son argent dans des robes extravagantes. Je n’ai pas fait de recherches sur cette robe donc je vous fais part ici de suppositions, qui ne sont donc que des suppositions, mais à mon avis cette robe a été cousue pour un événement exceptionnel (genre un mariage) et peu portée. Thèse étayée par le fait qu’elle a été conservée après la mort de sa propriétaire (ce qu’on ne faisait probablement pas pour la première robe de ménage venue) en plus du style de la robe en elle-même qui est vraiment recherché. Je ne sais pas tellement dans quelle matière est le tissu ajouré, mais je pense que les décorations sont en soie. La robe est constituée d’un fond de robe couleur saumon (je ne sais pas si c’est de la soie ou de la viscose, mais je penche plutôt pour la viscose), d’une robe dans un tissu bleu/violet ajouré (je soupçonne que c’est du synthétique, mais peut-être pas) avec des décorations en crêpe (de soie je pense) saumon plissé et gris. (N’étant vraiment pas douée pour reconnaître les tissus, je vous laisse me corriger si je dis des âneries)

décorations robe années 1920
Détail du décor le long du corsage. C’est une bande de soie couleur saumon plissée de la même façon qu’au décolleté et en bas de la robe. Elle est cousue directement appliquée sur le haut de la robe.
robe originale années 1920
Détail de la jupe (dos)
robe originale années 1920
Gros plan du décor au bas de la jupe (devant)
noeud ceinture robe années 1920
Il y a une ceinture en velours bleu marine qui va de la hanche à la hanche en passant par le dos. Le dos est donc souligné par une couture, mais pas le devant qui reste lâche. Le bout de la ceinture sur la hanche gauche forme un petit nœud (un peu défraîchi aujourd’hui)
ceinture dos robe années 1920
La ceinture en velours au dos de la robe
détail robe années 1920
Au dos fond de robe et robe (hors ceinture) ont été cousus ensembles à petits points à la main. La ceinture, elle, ne me semble cousue que sur les hanches
manche ajourée robe années 1920
Le haut de la manche n’est pas doublé, on voit donc la peau des bras quand on la porte. Par contre les manches sont longues avec cette partie en crêpe gris ajoutée en bas. Les poignets sont en crêpe saumon.
manche robe années 1920
Bout de la manche
poignet plissé robe années 1920
Détail du poignet délicatement plissé
détail robe années 1920
Ourlet main roulotté sur la partie grise de la manche. C’est ce crêpe gris qui a également servi à faire le biais des festons du tissu ajouré

plissage robe années 1920

fond de robe années 1920
Sous la robe, le fond de robe
fond de robe année 1920
La robe est retournée, nous pouvons donc observer le fond de robe. Le devant est plus ou moins un bête rectangle. Le décolleté est un peu creusé pour ne pas dépasser.
dos fonds de robe année 1920
Sur le dos du fond de robe on remarque des pinces verticales

dos fond de robe années 1920

pince dos robe année 1920
La pince du dos cousue machine
détail couture années 1920
Les coutures de côté du fond de robe sont refermées à la main pour que l’intérieur de la robe soit bien propre

couture années 1920

décolleté devant fond de robe année 1920
Décolleté devant du fond de robe
fond de robe années 1920 emmanchure
Au niveau de l’emmanchure au dos, je vous avoue que je n’ai pas trouvé ça très clair
dos fond de robe année 1920
L’ourlet du décolleté dos du fond de robe commence à filer
ourlet années 1920
Ourlet très propre du fond de robe

Détail bretelle robe années 1920

bretelle fond de robe endroit
Bretelle du fond de robe sur l’endroit
bretelle fond de robe années 1920
Bretelle du fond de robe sur l’envers

Voilà pour cette robe années 20 ! Les photos ne sont pas extraordinaires, mais j’espère que vous aurez un bon aperçu de sa construction. En tout cas, moi, plus je la vois et plus je l’aime ! J’essayerai peut-être de la reproduire un jour si je décide de faire une incursion dans les années 1920.

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Jeanne Lanvin au Palais Galliera

Exposition Jeanne Lanvin au Palais Galliera ©Pierre Antoine

Dimanche dernier je me suis levée assez tôt pour aller visiter l’exposition Jeanne Lanvin du Palais Galliera avant qu’il n’y ait trop de monde et je voulais vous en dire deux mots ici.

Malheureusement les photos étaient interdites, je dois donc me contenter des visuels de presse, qui, s’ils sont très beaux, ne s’intéressent pas aux même choses que moi. Je ne pourrai donc pas vous montrer ce qui m’a marquée.

Je dois vous avouer que je suis rarement sortie aussi enthousiaste d’une exposition de mode. L’amie avec laquelle j’y suis allée pourra en témoigner, je n’ai pas arrêté de dire en sortant de l’expo : « C’était beau ! Qu’est-ce que c’était beau ! », bref, une espèce de boucle d’émerveillement que je n’avais, je crois, jamais ressentie. Entendons-nous bien, des costumes et vêtements merveilleux dans des expositions j’en ai déjà vu pas mal, mais je ne sais pas, soit le nombre de pièces extraordinaires présentes dans celle-là était supérieur, soit d’habitude j’ai toujours pleins de critiques qui gâchent un peu l’ensemble, bref pour moi l’exposition Jeanne Lanvin est une réussite.

vue de l'exposition Jeanne Lanvin au Palais Galliera ©Pierre Antoine
Je n’ai pas retrouvé la référence de ce modèle qui date des années 1920. Au fond à droite, la robe avec la ceinture rouge est la robe « Boulogne » datée de l’été 1920, celle d’à côté est peut-être de la même collection
©Pierre Antoine

Une scénographie qui incite à la déambulation

Je suis rarement emballée par les scénographies « spectacles » des expositions (c’est-à-dire qui se remarquent), pourtant j’ai trouvé la scénographie de cette expo vraiment très réussie. Je précise ici que j’ai vu l’exposition à un moment de faible affluence (il y avait un peu de monde, mais pas trop non plus), mais je pense qu’en cas de forte affluence l’expérience de visite risque d’être un peu gâchée, non seulement par l’exiguïté des espaces de Galliera, qui sont ce qu’ils sont, mais aussi par l’abondance de pièces exposées et donc le manque de fluidité du parcours.

Ce que j’ai trouvé génial dans cette scénographie (oui, carrément, j’emploie le terme génial, une fois n’est pas coutume, j’ai aimé cette exposition) c’est qu’elle permet une déambulation très libre. J’ai un peu de mal à suivre un parcours clair au Palais Galliera et j’ai souvent tendance à ne pas trop savoir dans quel sens aller, ce qui est lié à la disposition des salles, mais ici cela n’a aucune importance. On peut voir la fin avant le milieu, tout est suffisamment cohérent pour s’y retrouver. Il s’agit d’une monographie, mais le parcours n’est pas chronologique. Le découpage est thématique, mais pour autant pas tranché, ce qui permet d’aller d’une pièce à l’autre de revenir sur ses pas et de tomber en extase devant les robes de Jeanne Lanvin (oui, en extase).

Robes noires fin des années 1920 expo Jeanne Lanvin au Palais Galliera ©Pierre Antoine
De très belles robes noires en début de parcours. Je n’ai là encore pas retrouvé les infos du cartel. De mémoire je crois que ça tournait autour de 1927-29, mais je n’en suis plus sûre.
©Pierre Antoine

Mode, modernité, intemporalité

C’est peut-être parce que le début du XXe siècle dans les milieux d’avant-garde me fascine, mais tous les vêtements exposés m’ont parlé. Ce n’était pas seulement très beau et fin, c’était des choses que j’aurais voulu porter maintenant tout de suite (enfin, si je paradais au Festival de Cannes par exemple). Les créations de Jeanne Lanvin sont extraordinaires parce qu’à la fois elles s’inscrivent, stylistiquement, de manière assez forte dans leur époque (mon dieu tous ces sweaters aux dessins géométriques étaient tellement parfaits) et à la fois elles sont intemporelles et pourraient être portées aisément aujourd’hui (dans un certain contexte, on est d’accord, je n’assumerais probablement pas le manteau en lamé doré tous les jours).

Là où l’exposition est vraiment passionnante (pour moi en tout cas) c’est qu’elle montre des carnets d’échantillons brodés de la griffe, qui sont de petits bijoux. Hélas ils n’ont pas été choisis pour les visuels de presse, je ne peux donc pas vous les montrer, mais je vous encourage vivement à courir au musée pour les voir en vrai. J’ai aussi trouvé les cartels très bien faits et notamment la précision, quand la tenue avait été commandée par une cliente, que cette dernière avait fait changer la couleur d’origine du modèle. Cela montre aussi que la mode c’est quelque chose qui se porte et que le goût des clientes et des clients l’influence au même titre que les créateurs.

corsage 1900 ou 1910 à l'exposition Jeanne Lanvin au Palais Galliera ©Pierre Antoine
Je n’ai plus les infos du cartel en tête pour ce corsage, mais il doit tourner autour de 1910.
©Pierre Antoine

La disposition des vitrines (une alternance entre vêtements mannequinés et « jetés négligemment » dans des boîtes en miroir) permet de voir les vêtements d’assez près, j’ai donc pu remarquer que l’une des fameuses robes de style était montée avec des plis canons à l’extérieur sur les hanches pour jouer avec le volume et la géométrie (là encore, hélas, pas de photos).

manteau Jeanne Lanvin 1937 Palais Galliera ©Pierre Antoine
Manteau de 1937 (celui de l’affiche si je ne me trompe pas)
©Pierre Antoine
dos d'un manteau de 1937 Jeanne Lanvin au Palais Galliera ©Pierre Antoine
La merveille du dos.
©Pierre Antoine

En fait je ne peux pas tout vous énumérer tant chaque pièce est une merveille de détails : les broderies sont fabuleuses, les couleurs aussi (ce vert absinthe !), le travail de coupe et de plissés est renversant. À chaque robe je me disais : « je veux la même. Je veux savoir faire cette merveille ». Si vous avez des préjugés contre la mode des années 1920, cette exposition les balayera immédiatement. Bref, je vais interrompre là mon lyrisme et vous conseiller d’y aller sur le champ si vous en avez la possibilité (l’exposition court jusqu’au 23 août). Une petite info en passant : le palais Galliera est un musée de la Ville de Paris, par conséquent en vous procurant la carte Paris Musées (de 20 à 40 €) vous pourrez entrer gratuitement dans l’exposition (ainsi qu’à celles du Petit Palais, du musée d’art moderne, du musée Carnavalet et de beaucoup d’autres). Autant vous dire que le prix de la carte est vite remboursé en allant voir 4 ou 5 expositions temporaires de la ville de Paris sur un an.

C’est tout pour cette critique dithyrambique (franchement les expositions dont je sors ravie se comptent sur les doigts d’une main), n’hésitez pas à me dire en commentaires ce que vous en avez pensé. Bonne fin de semaine à toutes et tous !

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Ma robe du Nouvel An – version moderne des 20s

Robe Prohibition années 1920 déguisement

Si vous me suivez sur Facebook, vous avez dû suivre mes agacements avec cette robe, qui s’est un peu ajoutée au débotté dans mon programme couture. J’ai été en effet invitée, pour le Nouvel An, à une soirée déguisée qui avait pour thème la Prohibition. Il faut savoir que contrairement à ce que l’on pourrait penser d’une fille qui coud des costumes historiques, j’ai HORREUR des soirées déguisées. Non pas que je ne trouve pas l’idée sympa, mais les soirées déguisées me demandent beaucoup trop de temps de préparation en amont et c’est un temps que je n’ai pas envie de prendre à ça. Cette année, parce que je suis la reine pour m’ajouter des contraintes sans arrêt, je me suis imposée de me coudre une robe pour coller au thème en 3 jours pendant mes vacances à la campagne.

C’était une mauvaise idée, parce que j’avais juste envie de profiter de mes vacances et de bouquiner et je n’ai pas pu le faire. Cela dit, l’avantage c’est que ça m’a un peu remise dans le bain de la couture. Même si je n’ai plus envie de faire des courses contre la montre pour finir des costumes ou des vêtements, j’ai quand même envie de coudre alors ça m’a fait plaisir de terminer quelque chose, surtout compte tenu de ma faible production en 2014.

Robe Prohibition années 1920 déguisement
La robe à la lumière du jour

Cette robe n’est clairement pas un costume historique : c’est une robe moderne revue à la sauce années 1920, mais très légèrement. J’ai utilisé un tissu qu’on m’avait donné il y a assez longtemps et qui doit être un genre de satin de polyester (?) ; en gros le tissu parfait pour faire une petite nuisette. J’ai utilisé le côté brillant, c’était peut-être un peu too much, mais je ne vais pas trop me prendre la tête pour un déguisement.

fermeture éclair invisible sur déguisement années 1920
Ma première pose de fermeture éclair invisible, mais j’ai dû mal m’y prendre parce que je trouve que ça godaille.
Ce qui est dommage c’est qu’en fait je n’ai pas besoin de fermeture éclair pour l’enfiler. ^^

J’ai créé le patron à plat, à l’arrache en prenant mes mesures (je me suis arraché les cheveux sur les pinces au niveau de la poitrine puisque faire des pinces à l’arrache est TOUJOURS une mauvaise idée). À l’origine j’avais prévu de faire la jupe intégralement en « pétales » (dix pièces), mais quand j’ai vu le temps que ça me prenait de leur faire un ourlet roulotté à la main, j’ai changé mon fusil d’épaule et je n’en ai fait que 4, ce qui explique en partie pourquoi la jupe est aussi courte (beaucoup trop courte). J’avais acheté, pour agrémenter la robe, un galon à strass et une fleur rouille parfaitement assortis à mes superbes chaussures 1910, que j’ai pu étrenner pour la première fois et qui sont extrêmement confortables.

déguisement prohibition années 1920 femme
Les « pétales » sur les côtés de la robe
chaussures 1910 American Duchess
Mes chaussures American Duchess (et oui la robe est vraiment très courte)

Au moins, maintenant, j’ai une robe que je peux ressortir à toutes les soirées déguisées auxquelles je serai invitée. :-)

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