Je suis un peu en retard pour faire cet article (la date butoir du 3e challenge du Historical Sew Monthly était le 31 mars), mais j’ai terminé ma chemise 1880 mercredi avec seulement un jour de retard. Elle m’a finalement demandé pas mal de temps parce que j’ai tenu à faire des finitions très soignées à la main. Je me ferai probablement d’autres chemises si je suis amenée à porter ces costumes en sorties costumées (d’expérience c’est quand même plus agréable de mettre une chemise propre sous son corset quand on a bien transpiré dedans la veille), mais je sais que ce ne sera pas pour tout de suite. Je voulais donc que ce premier modèle de chemise puisse aussi bien convenir pour porter sous une robe de jour montante qu’une robe de soirée décolletée et ait des finitions très propres à la fois pour que ce soit le plus agréable possible au toucher et pour que ça ne risque pas de s’effilocher lors d’éventuels passages en machine. Et puis c’est mieux quand c’est propre, non ?
J’ai utilisé un patron reproduit dans le Fashion of the Gilded Age T.1 de Frances Grimble « Chemise with narrow shoulders » de 1883 et j’ai suivi les instructions tirée du même magazine de mode de 1883, Complete Guide to Ladies’ Garment Cutting. Dans ces instructions il était indiqué que deux mesures étaient importantes : l’écartement des épaules et la longueur de la chemise (qui si j’ai bien compris doit arriver aux genoux). En partant de là j’ai suivi d’instinct les mesures indiquées sur le patron miniature qui n’est pas à l’échelle (notez que je ne suis pas sûre d’avoir bien compris le sens des indications chiffrées sur le patron, mais j’ai l’impression que le résultat correspond pas mal à ce que ça devrait être).
La chemise est réalisée dans un voile de coton (possiblement mélangé, mais je ne saurais vraiment le dire) que j’avais eu dans un coupon d’1,50 mètre il y a quelques années je crois. Elle est constituée de 6 morceaux : le devant et le dos (tous deux coupés dans la pliure du tissu) et 4 goussets sur les côtés, qui constituent, selon le Complete Guide to Ladies’ Garment Cutting, l’élément fondamental qui donne à la chemise de cette période sa forme adéquate.
D’un point de vue couture, j’ai fait toutes les coutures de montage de la chemise à la machine, mais le tissu étant très fin, ça a pas mal tiré les fils ce qui m’a beaucoup agacée. Le résultat est donc moins net que ce que j’aurais voulu. Les emmanchures et l’encolure ont été ourlées à la main, et j’ai également rabattu toutes les coutures intérieures à la main (pour que ce soit propre et doux). L’ourlet au bas de la chemise ainsi que les plis religieuses (ajoutés de ma propre initiative parce que j’aime les plis) ont également été cousus à la main pour éviter le massacre que je pressentais avec ce tissu. L’entre-deux et la dentelle utilisés à l’encolure sont anciens et ont été cousus à petits points après avoir été nettoyés. J’aurais préféré avoir dans mon stock une bordure de dentelle anglaise (beaucoup de modèles sont reproduits dans mes Mode Illustrée de 1880), mais j’ai fait avec ce que j’avais et qui ne me semble pas si mal.
Je suis super contente de cette chemise qui est trèèèès fine et trèèèès agréable à porter. Malheureusement j’ai utilisé plus de tissu que ce à quoi je m’attendais et je crains de ne pas en avoir assez pour faire un pantalon coordonné. Si je n’en ai pas assez je recyclerai les chutes en fichu brodé.
La fiche technique en anglais :
What the item is: 1883 chemise The Challenge: #3 stashbusting Fabric: cotton voile Stashed for how long?: I really don’t know but possibly 2 years for the cotton fabric. Vintage lace and white work since 1 year. Pattern: chemise with narrow shoulders in Fashion of the Gilded Age from Frances Grimble
Year: 1883
Notions: white thread (cotton and polyester), vintage lace and whitework, satin ribbon.
How historically accurate is it? As much historical as possible so I’ll say 90 % accurate.
Hours to complete: around 10 hours
First worn: not worn yet
Total cost: 0 € in 2015.
Voilà pour la chemise ! Il a fallu que je me force un peu pour m’y mettre, mais je suis vraiment très contente du résultat et surtout d’avoir enfin terminé quelque chose (ça fait combien de temps que je n’avais rien terminé ?) !
Sinon il n’y aura pas de dimanche à l’atelier cette semaine, tout simplement parce que je ne serai pas chez moi, mais je vais essayer de vous poster, en début de semaine prochaine, ma critique de l’expo « Déboutonner la mode », que j’ai vu jeudi. Je vous souhaite un bon week-end.
J’ai un peu de retard pour publier cet article (en fait là vous devriez vous attendre à un « dimanche à l’atelier »), la raison en est que j’ai dû pas mal travailler ces 4 derniers jours et la couture est franchement passée à la trappe. J’avais pour objectif de terminer cette semaine le premier jet de mon projet de thèse pour pouvoir l’envoyer à des directeurs et directrices de recherche potentiels. Ce fut laborieux, mais j’ai atteint mon objectif, je vais donc pouvoir attaquer le défi couture du mois de mars. L’objectif : faire quelque chose avec ce qu’on a en stock. Or, comme toute couturière (ou couturier) qui coud depuis maintenant quelques années, j’ai l’embarras du choix ! Des tissus achetés pour des projets pas encore réalisés, j’en ai plein (encore que je suis très raisonnable comparée à d’autres qui se reconnaîtront) et j’ai maintenant suffisamment de stock de mercerie pour n’avoir pas besoin d’acheter de nouvelles choses en permanence. Le plus simple reste quand même de s’attaquer à quelque chose de blanc, et il se trouve que j’ai besoin de me coudre des dessous 1880 corrects depuis très longtemps (oui, j’ai employé le mot « besoin », carrément…).
Il y a maintenant quelques années j’ai acheté un coupon soldé d’un voile de coton (?) blanc, très fin et transparent qui fera parfaitement l’affaire. Le truc qui m’ennuie un peu c’est que je ne sais pas si c’est vraiment du coton, mais il faudra bien faire avec. Il me semble qu’il y a des techniques pour savoir de quelle fibre il s’agit, mais je ne les connais pas (et je pourrais demander à Google, mais j’ai peur de savoir : oui, je sais, c’est con).
Bref, je pars sur la réalisation d’une chemise et d’une paire de pantalon dont les patrons sont reproduits dans le Fashion of the Gilded Age Vol.1 (oui, j’aime ce livre). Question décoration je vais rester sur quelque chose de très simple à base de plis et éventuellement d’une petite dentelle anglaise (si j’en trouve une dans mon stock). Je vais peut-être aussi me faire plaisir et me broder un petit chiffre sur la chemise ou une petite bordure. Je ne sais pas encore…
Voilà, il n’y a plus qu’à laver le tissu et couper les patrons…
I am a bit late this month but here is my entry for the Blue Challenge.
La dernière fois que je suis allée au marché Saint-Pierre, je suis tombée sur une super bonne affaire : deux coupons de coton à carreaux (6 mètres) pour 12 €. Je ne savais pas tellement ce que j’allais faire avec, mais je me suis dit qu’il ne fallait pas que je rate cette occasion.
Last time I did go to the fabric shop in Paris (several months ago), I found 6 meter of plaid cotton fabric for 12 €. I didn’t know at this time what to do with it but I bought it, it is pretty rare to find good cotton so cheap.
Lorsque le programme du Historical Sew Monthly a été dévoilé et que le 2e challenge était la couleur bleue, je me suis dit que j’allais faire quelque chose de ce coton, mais quoi ? Au début j’envisageais de faire une robe de jour 1830, mais après quelques recherches je me suis rendue compte que le motif des petits carreaux ne paraissait pas tellement adapté et je suis donc partie à la recherche d’autres inspirations. Grâce à Audrey j’ai découvert cette photographie des années 1850 d’une malade hystérique qui m’a vraiment tapée dans l’œil. Mon choix était donc fait : faire une tenue 1850 plus populaire.
When Leimomi announced the program of the HSM and the blue challenge I dedided to use this fabric. First I thought of sewing a 1830 day dress but the checks seemed to small for 1830 so I looked for other inspiration. Audrey made me discover this photograph of the years 1850 and I fell in love with it. Thus, I decided to sew basically this dress : a popular worker dress in 1850.
J’ai fait quelques recherches pour que ce projet soit le plus historique possible. J’ai donc relu le livre de Nathalie Harran, La femme sous le Second Empire, qui présente 4 costumes populaires et qui est vraiment intéressant, les livres de Janet Arnold, qui m’ont permis de me faire une meilleure idée de la construction des jupes de cette époque (je voulais notamment avoir une idée de comment était montée la doublure si une doublure existait). J’ai ensuite essayé de trouver des photos et des costumes d’époque épinglés sur Pinterest pour voir de vrais modèles de costumes a priori populaires.
I made some research because I wanted my project as accurate as possible. I re-read the book from Nathalie Harran, La femme sous le Second Empire, where she describes 4 working class costumes, and the books from Janet Arnold to verify the construction of the 1850 skirt (especially the lining). Then I found some examples on Pinterest.
Pour le challenge de février, j’ai décidé de ne faire que la jupe et de finir le haut pour un autre challenge un peu plus tard. Le tissu de la jupe, je l’avais dans mon stock, mais ce qui m’a posé problème ça a été de trouver du tissu pour la doublure de la jupe. J’ai fouillé dans mes chutes et j’ai trouvé plusieurs toiles de coton pouvant convenir que j’ai donc assemblées pour que cela corresponde à mon pan de jupe, technique à la fois économique et qui me semble en plus très plausible historiquement parlant.
To have time for this february challenge I dedided to sew only the skirt and I will finish the bodice of the dress later. I didn’t have enough fabric for the lining so I dedided to make some patchwork with pieces of cotton in my stash. This choice was economical AND accurate.
D’un point de vue patron, il s’agit très simplement d’un grand rectangle de 3 mètres (j’aurais pu, si j’avais eu du courage, faire des découpes en rectangles pour donner l’impression d’une jupe coupée au plus juste pour faire des économies de tissus pour que ça colle à la classe sociale, mais j’ai eu un peu la flemme), plissé à la taille par de petits plis canons fixés à une ceinture. Les pans de jupe et de doublure ont été plissés ensembles et fixés à la ceinture à la main, et l’ourlet en bas de la jupe a également été réalisé à la main. Les grandes coutures ont été réalisées à la machine.
The pattern is very simple, it’s a long rectangle of 3 meter. Skirt and lining were pleated together by hand (« plis canons » or « tuyaux d’orgue » in french). The belt is also handsewn. The long sides are machine sewn.
La jupe fermera sur le devant à l’aide d’un crochet, ce qui me permettra d’avoir un accès direct à la poche que j’intégrerai sur le futur jupon et aussi de m’habiller plus facilement toute seule. Je suis plutôt satisfaite du look général de cette première partie de costume et j’espère que je réussirai à ajouter proprement le corsage de la robe. Affaire à suivre… 😉
The skirt will be attached at the front with a hook. There will be an opening to reach the pocket that I will add in my future petticoat. I am pretty happy with this first part of my dress and I hope the bodice will be successful. To be continued… 😉
La fiche technique : The Challenge: #2 Blue Fabric: 3 meter of plaid cotton fabric + several cotton fabrics for the lining Pattern: drafted by me (a 3m long rectangle) Year: around 1850 Notions: basically blue thread and that’s it How historically accurate is it? I hope as much accurate as possible. I don’t do reenacting but it is my goal for this costume. Hours to complete: around 8 hours, maybe more. First worn: not worn yet Total cost: 6€
Bonjour à toutes et à tous ! Partie en week-end à la campagne (d’où, en toute honnêteté, je n’avais pas du tout envie de rentrer) j’ai un peu avancer sur ma jupe 1850 pour le challenge de février du Historical Sew Monthly. Bon, je suis un peu en retard, mais je devrais avoir terminé la jupe d’ici mercredi et faire un long post bilingue sur le sujet.
J’avais fait mes plis canons la semaine dernière et je n’avais donc plus qu’à les fixer sur la ceinture (qui me servira aussi à fixer le corsage, puisque je réalise une robe). J’ai un peu galéré pour obtenir le rendu que je voulais et je ne sais pas tellement si la technique que j’ai utilisée est la bonne (j’ai fixé à la main l’avant et l’arrière des plis sur la ceinture), mais en tout cas, le résultat me convient. Si tout va bien, je termine la jupe ce soir.
Après avoir lancé une question, sur ma page Facebook, sur l’historicité de mon tissu bleu à carreaux pour une robe de jour 1830, j’ai changé mon fusil d’épaule et fait quelques recherches ce week-end.
Pour le challenge « Blue » de la semaine prochaine je voulais utiliser un coton à carreaux bleus et bruns, mais je ne savais pas tellement pour quoi opter. Finalement, grâce à votre aide (et notamment celle d’Audrey d’En-robée) j’ai décidé de coudre une robe de classe populaire en 1850. Je vous en parlerai plus en détails dans un post dédié, mais l’idée est de faire une robe d’une seule pièce, la plus historiquement crédible possible dans son patron, sa construction et même sa doublure.
Je suis partie d’une photo qu’Audrey m’a fait découvrir (ici) et j’ai voulu faire quelques recherches complémentaires pour avoir une idée de comment la faire. Je confesse que j’avais complètement oublié que j’avais dans ma bibliothèque le super livre de la Dame d’Atours, La femme sous le Second Empire, pourtant il m’a été plutôt utile puisque dans ce livre sont décrits 4 costumes populaires à différents niveaux de pauvreté (les informations sur les costumes populaires étant, je trouve, assez difficile à dénicher).
Après avoir fait le point sur le patron de la jupe grâce au livre de Janet Arnold, j’ai découpé mon pan de tissu ainsi que les différentes pièces qui composeront la doublure.
Je n’ai donc pas énormément cousu, mais quand même un peu.
Et vous, vous avez fait quoi ce dimanche à l’atelier ?
Vous allez trouver que j’ai un peu choisi la facilité pour ce premier challenge du Historical Sew Monthly parce que je ne fais que reprendre un costume inachevé depuis 2 ans (?) et vous aurez raison. Mais quand j’ai vu le thème « foundations » je me suis dit que c’était vraiment l’occasion de reprendre en douceur mon projet de garde-robe 1880. Cette sous-jupe verte doit en effet servir de « fondation » à deux costumes : une robe de bal et une robe d’été, toutes deux autour de 1880-81.
You will find I chose facility for the first challenge of the year and you will be right, because I chose to finish an UFO started for the first year of HSF (if my memory is fine). But the theme « foundations » was a perfect excuse to finally finish my 1880 underskirt. This green skirt (polyester taffetas) is going to be an underskirt for a 1880 ballgown and for a 1880 summer dress after Tissot painting (and Musée Galliera gown).
Il ne manquait à cette jupe qu’une ceinture. Le patron utilisé prévoyait (de mémoire) un empiècement à la taille, c’est donc ce que j’ai rajouté.
I had to sew just a belt to this skirt (two years to sew a belt, yeah, you’re not dreaming). The pattern (in Frances Grimble ‘s book) planned a yoke so that was my choice.
Pour que la silhouette me convienne vraiment il faudra que j’ajoute un ou deux jupons (dans mon programme couture, mais je ne sais pas pour quand), que je finisse mon corset piqué pour lui rajouter des bretelles (faute de baleines je n’ai pas tellement le choix) et que je rembourre les hanches (et peut-être la poitrine aussi). Mon objectif est d’obtenir une forme sablier ce qui est impossible compte tenu de ma morphologie, à moins de procéder à du rembourrage stratégique. Par ailleurs mon dernier essayage d’hier soir (après avoir mangé du coup je n’ai serré le corset qu’à la taille et laissé mon bidon vivre sa digestion tranquillement et ma poitrine vivre la sienne aussi – par flemme d’aller chercher un autre ruban) m’a beaucoup plus satisfaite que le précédent où le corset était serré de manière homogène parce que du coup ma taille paraît davantage marquée. Cela m’a donc convaincue de bosser sérieusement ces rembourrages stratégiques.
The shape of the silhouette is not quite right for now. I have two sew one or two petticoat and I have to pad the quilted corset to have a « sablier » form. This is a project of mine to have the perfect 1880 silhouette in cheating.
À quel point c’est historique ? C’est plutôt historique, en tout cas c’est l’objectif, mais certaines coutures visibles sont faites à la machine et je pense qu’elles auraient dû plutôt être faites à la main, l’empiècement est doublé de manière moderne (je n’ai jamais vu d’intérieur de jupe d’époque, mais je pense qu’il ne ressemblerait pas au mien), le tissu ne tombe pas comme devrait tomber un taffetas de soie. Je dirais donc que c’est du 75 % historique.
Nombre d’heures : 5 heures au maximum
Quand a-t-il été porté pour la 1ère fois ? Jamais
Coût total : tout était déjà dans mon stock depuis longtemps alors je ne sais pas
Anyway, let’s go the the technicals infos :
The Challenge: #1 Foundations
Fabric: polyester taffetas
Pattern: in Fashion of the Gilded Age by Frances Grimble
Year: 1880
Notions: thread and hooks
How historically accurate is it? It is pretty accurate I think, at least it wass my objective, but some details won’t match : visible machine sewing at some place, not sure of the lining of the yoke, the fabric has a tombé that is NOT historical. I’ll say 75 % historical
Hours to complete: 5 hours max
First worn: Never
Total cost: all was in my stash for a while so I don’t remember
Je suis quand même assez satisfaite de cette jupe malgré des défauts (l’empiècement qui est légèrement trop large par exemple) et j’ai hâte de reprendre cette garde robe 1880. Je vais essayer de m’atteler aux dessous cette année (chemise, pantalon, jupons, corset piqué) au minimum pour pouvoir coudre ce qu’il doit y avoir dessus.
I am happy with this skirt even if it has defaults. It gave me motivation to continue my 1880 garde-robe project. This year I added to my program all the underclothing (chemise, pants, petticoats and finish my quilted corset). I hope I will keep this motivation through the year and do all the HSM challenges !
Ce dimanche, contre tout attente (j’avais une assemblée générale d’association le matin), j’ai fait quelque chose que je n’avais pas fait depuis très longtemps : j’ai fait des essayages de costume pour me remettre à la couture.
Nous sommes le 26 janvier, il était donc quand même temps que je me mette à la couture du 1er challenge du Historical Sew Monthly, d’autant plus que j’ai commencé par quelque chose de facile : terminer ma sous-jupe 1880 en taffetas vert d’eau à laquelle il manquait une ceinture et une fermeture. J’ai donc enfilé ma chemise, mon corset piqué, ma petite tournure rayée et j’ai réessayé ma jupe pour prendre les dernières mesures qu’il me fallait. Et bien vous ne pouvez pas savoir comme ce petit essayage de rien du tout m’a fait plaisir ! Malgré le taffetas de polyester (quand même d’assez bonne qualité visuellement) qui ne tombe pas comme tomberait de la soie, je suis vraiment satisfaite de cette jupe (créée à partir d’un patron d’époque reproduit dans la bible « Fashion of the gilded age« ) qui rend encore mieux avec la tournure et qui sera, je pense, parfaite avec un jupon vaporeux en dessous. Je vous parlerai plus en détails de cette sous-jupe dans un autre article bilingue pour le HSM, mais décidément j’adore cette période natural form et j’ai l’impression que je suis sur la bonne voie du point de vue de la silhouette. En tout cas ça me motive un peu plus pour continuer ce projet de garde-robe complète, ce qui n’est pas mal puisque la motivation pour faire (et porter) des costumes historiques m’avait un peu quittée dernièrement.
Bref je suis très contente de mon dimanche. La jupe est quasiment terminée, il ne me reste plus qu’à lui coudre des crochets.
Je continue de vous faire part de mes notes de lecture sur l’intégrale de la Mode Illustrée de l’année 1880 pour vous parler de ce qu’on met SUR les robes. J’ai l’impression, je me trompe peut-être, que c’est un élément que l’on oublie très souvent quand on coud des costumes historiques, soit par manque de temps, soit par véritable ignorance de ce qui se portait. Je ne jette la pierre à personne, étant la première à avoir simplement occulté de mon esprit cette question des pardessus, paletots, visites, etc. Sauf qu’à la lecture des magazines d’époque je me rends compte qu’il n’est plus possible de ne pas se soucier de ce qui se porte sur les robes. En fait c’est une pièce de vêtement fondamentale dont Emmeline Raymond parle beaucoup.
Toute toilette est agrémentée d’un pardessus ou en tout cas d’un vêtement qu’on porte par-dessus la robe
Le matin
Le pardessus idéal pour le matin (courses à pied, église, jours pluvieux) est en drap de laine noire léger doublé de flanelle noire à très petits carreaux ou rayures (coupées dans le biais). Quand le pardessus est fait en cachemire d’Inde noir ouaté et doublé de soie ou de fourrure il est plus paré : il peut alors être porté aussi bien le matin que l’après-midi (10 octobre 1880).
« Les pardessus pareils aux robes peuvent se porter pour les toilettes sans prétention du matin, mais il sera prudent de s’en tenir à ceux que l’on possède et de n’en point faire de neufs. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
L’après-midi
« La toilette de l’après-midi comporte toujours un mantelet grand ou petit. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
« Les pardessus en cachemire noir sont attribués aux jours pluvieux et frais. » « Pour tous les autres cas, on fait et l’on fera surtout des mantelets ou des visites, en surah noir très épais, assez épais pour se passer de doublure ; ou bien si l’on veut dépenser une somme moins élevée, en surah moins épais, que l’on doublera avec du taffetas. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
« Tous les pardessus, sans exception, auront leur encolure (quand celle-ci sera tout-à-fait montante) garnie d’une grosse ruche ou fraise, en dentelle blanche, ou bien en tulle point d’esprit blanc ; cette ruche représentera la lingerie trop souvent et trop complètement cachée par le pardessus. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
Dans ce dernier extrait on note une chose que j’avais déjà signalé lors de ma première lecture d’Emmeline Raymond, c’est que le terme de « lingerie » évoque les cols et manchettes blancs visiblement indispensables aux toilettes en 1880.
En janvier 1880, Emmeline Raymond nous dit que le châle en cachemire revient en grâce pour des pardessus, des sorties de bal et même des robes de chambre. Début 1880, donc, vous pouvez vous faire plaisir avec le châle en cachemire.
Dans le n° du 27 juin 1880, Emmeline Raymond nous dit que la mode est aux capuchons, des pélerines ou des petits manteaux à capuchons que l’on appelle « capucins ». Tout le monde, apparemment, veut en porter.
« Un détail à indiquer à propos des pardessus. Plus ils sont courts et ajustés, moins ils sont parés. Plus ils sont parés, et plus ils sont longs et amples. » La Mode Illustrée, 12 décembre 1880.
Dans le n° du 21 novembre on apprend que la forme de la visite fait un peu trop « dame » pour les jeunes filles qui lui préfèrent le paletot (celui-ci fait son retour donc on comprend ainsi qu’il avait disparu).
« En thèse générale, les jeunes filles ne portent pas de fourrures » La Mode Illustrée, 28 novembre 1880. À la limite elles peuvent porter un manchon de fantaisie en étoffe doublé d’une fourrure pas trop chère.
Même en été ?
L’obligation de porter un pardessus est levée en été quand il fait très chaud. Dans le n° du 8 août 1880, Emmeline Raymond écrit :
« La mode est tolérante en ces jours voués par la chaleur au repos de la toilette. Elle n’exige point que l’on s’enveloppe d’un pardessus et permet son simulacre : un fichu de tulle ou de mousseline, ou bien de surah, bordé d’une bande de tulle blanc brodé. »
On tolère donc l’absence de pardessus, mais pas question de ne rien porter sur ses épaules.
Si l’été est chaud, on porte des mantelets en gaze de soie noire. Ils donnent un air moderne à une toilette même un peu démodée.
Pour les jeunes filles et très jeunes femmes en été :
« fichus en tulle point d’esprit blanc, garnis de dentelle blanche simplement noués par devant, sous une touffe de fleurs. Ces fichus se composent d’un grand carré, dont les 4 angles sont arrondis et l’encolure quelque peu plissée. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
Et c’est quoi la mode en automne ?
Dans le n° du 5 septembre 1880 :
« Le pardessus que l’on adoptera le plus généralement, jusqu’au moment où l’on portera les manteaux d’hiver, est celui qui a la forme d’une grande visite, à manches larges et capuchon. On fait ce pardessus en toute étoffe, et très souvent on l’exécutera avec un ancien châle de l’Inde ; la doublure en soie de couleur tranchante, est légèrement ouatée. Ainsi composé, ce pardessus de demi-saison sert aussi en guise de sortie de bal et de théâtre. »
Dans le n° du 7 novembre 1880, Emmeline Raymond nous dit que le tartan est très à la mode, notamment pour les pardessus du matin ou de pluie. « Beaucoup de waterproofs sont faits en tartan, de teintes neutres et foncées » cependant « la visite en tartan n’est et ne peut-être qu’un pardessus affecté aux toilettes de négligé. »
le 14 novembre 1880 : « Cette année se nommera l’année de la peluche. peluche unie, rayée, à carreaux écossais, imitant la loutre, à longs poils, à poils ras (dite panne) ». C’est la peluche à poils ras qui a les préférences d’Emmeline Raymond.
Stylistiquement ça se passe comment ?
Pour le moment les reproductions de la Mode Illustrée de la seule année 1880 sont trop peu importantes pour que je puisse véritablement établir des différenciations stylistiques entre les pardessus, paletots, visites, pélerines, etc. Du coup, ne voulant pas dire de bêtises, je préfère vous copier ici plusieurs reproductions de l’intégrale de La Mode Illustrée 1880. J’ai photographié la plupart des images, mais pas tout. J’analyserai les images dans un second temps de cette recherche sur la mode en 1880, cela demande en effet plus de temps et de sources que les comptes rendus de lectures auxquels vous avez eu droit jusqu’à présent. Place aux autres images (mises en plus petit pour prendre moins de place). Petite note : intégrer ces images m’a demandé un travail de DINGUE du coup si vous réutilisez ces images sur votre blog, merci d’indiquer par un lien où vous les avez trouvées. 😉
On continue notre décryptage de la mode en 1880 selon les rubriques « Modes » d’Emmeline Raymond dans la Mode Illustrée de janvier à décembre 1880 avec les toilettes que l’on porte en journée. Ce qu’il faut noter c’est que « la mode, en tant que règle absolue, universellement acceptée, n’existe plus ; il n’y a pas une mode, il y en a plusieurs… », ce que l’on peut traduire par : comme aujourd’hui, les femmes de 1880 faisaient un peu ce qu’elles voulaient.
En 1880, Emmeline Raymond ne cesse de le répéter, il est très à la mode de marier différents tissus notamment d’allier motifs et unis. À l’hiver 1880 (janvier/février), alors que ce n’était pas du tout la mode auparavant, on peut porter des jupes de dessous rayées, mais pour que ça s’harmonise avec goût, mieux vaut privilégier dans ce cas un tissu uni pour le corsage et le drapé. Par la suite dans l’année, les tissus à motifs sont plutôt des soies brochées ou des foulards à motifs, puis à l’automne ils sont remplacés par des tissus à carreaux. Au niveau des couleurs : « Toutes les teintes foncées sont à la mode pour l’hiver, toutes les teintes claires sont à la mode pour l’été ».
D’ailleurs on aime aussi jouer avec différentes couleurs en janvier 1880 : dans les revers ou dans différentes pièces du vêtement.
« Le mélange des tissus continuera à favoriser les combinaisons économiques, qui permettent de remettre à peu de frais une robe ancienne à la mode actuelle. »
Au point que « il ne se fait plus guère de robe entièrement en étoffe tout unie, et les robes de cachemire noir ne se portent plus toutes noires que pour les toilettes de deuil ». Le cachemire noir est très à la mode, mais il est toujours garni de soie brochée ou de fantaisie brochée. Par contre, attention, on ne mélange pas deux tissus à dessins, ça c’est la faute de goût assurée. Pour nous, costumiers et costumières amateurs ou non on peut donc se dire qu’on peut y aller avec le mélange de tissus, encore qu’a priori l’uni et les motifs doivent être globalement de même teinte (à moins qu’il ne s’agisse d’une toilette très habillée du soir, ce qui ne nous intéresse pas ici).
Dans presque tous les numéros de l’année Emmeline Raymond répète que la mode, en 1880, est très économique puisqu’elle permet pleins de combinaisons. Cette information nous intéresse grandement, nous qui faisons des costumes historiques pour des sorties. Plutôt que nous coudre une robe pour chaque occasion on peut aussi penser aux combinaisons hauts/jupes/surjupes, etc., ce qui peut nous permettre d’accorder beaucoup plus d’importance aux accessoires fondamentaux de la toilette (j’y reviendrai dans un autre article, mais vous pouvez d’ores et déjà jeter un œil à un article qui en parlait déjà un peu).
Les types de toilettes de jour en 1880
« Les toilettes du matin sont extrêmement simples et, suivant la saison, de couleur sombre ou neutre. Le but que le bon goût se propose est celui-ci : passer inaperçue. » La Mode Illustrée, 20 juin 1880.
« Pour les toilettes de rue, celles qui circulent à pied et dans la matinée, on recherche les combinaisons les plus simples… » La Mode Illustrée, 5 septembre 1880.
Ces toilettes du matin sont de couleur sombre, quand elles ne sont pas noires : gris hussard, café brûlé, loutre, gros vert et bronze. Qu’on se le dise, le matin, on reste discrète dans sa tenue :
« On est chic quand on va au marché avec un chapeau très simple, une toilette courte, sans ornements attirant le regard et faite en lainage à bon marché. » La Mode Illustrée, 3 octobre 1880.
Dans mes articles précédents sur le mythe de la Parisienne j’avais déjà évoqué les différents types de toilettes de journée. Ces toilettes qui sortent en plein jour doivent être irréprochables parce que c’est elles qui sont jugées par les pairs. Avant de faire des recherches sur l’histoire du costume j’avais le sentiment que l’on mettait le paquet le soir, mais en réalité ce n’est pas logique : en effet, comme je l’avais déjà signalé dans mon article sur les tenues de soirée, Emmeline Raymond précise bien qu’il faut des robes de dîner et de bal si l’on est susceptible de participer à ce genre d’occasion. Ainsi n’importe qui ne sort pas dans des bals ou des dîners, il faut déjà avoir un certain standing. La tenue la plus importante est donc, logiquement, la toilette de visite ou de promenade de l’après-midi.
« robe du matin pour sortir, – robe d’intérieur ; – robe de visite et de promenade – » La Mode Illustrée, 3 octobre 1880.
« Le matin et jusqu’à quatre heures, le costume en laine, ou bien mélangé de soie ou de velours. Depuis quatre heures, la soie avec mélange de peluche, ou de soie unie si la robe est brochée, de soie brochée si la robe est unie. » La Mode Illustrée, 12 décembre 1880.
Encore une fois, c’est le tissu qui confère ou non de l’élégance à la toilette. Ainsi Emmeline Raymond nous dit que le tissu broché en soie, d’un prix toujours très élevé, « communique à la toilette un degré d’élégance qui ne convient pas à toutes les heures de la journée, pas plus qu’à toutes les circonstances de la vie. »
« Les costumes du matin en toile imprimée ou toiles de Vichy se composeront d’une jupe et d’un casaquin, mais un vrai casaquin, tel qu’on en porte au village : assez long, non ajusté devant, avec coulisse par derrière, à la hauteur de la taille. » La Mode Illustrée, 23 mai 1880.
Je précise ici qu’il faut opposer toile à tissu de laine, du coup j’imagine que les toiles peuvent être de lin ou de coton ?
« Les toilettes du matin, et pour les jeunes filles, les toilettes de petites visites entre amies, se font de plus en plus en cheviot quadrillé, à carreaux si menus et si fondus qu’on ne saurait, à quelques pas de distance, les distinguer d’un tissu uni. » Il offre « plus de résistance que l’uni aux petites taches. » La Mode Illustrée, 21 novembre 1880.
Le cheviot fait aussi plus jeune et moins sévère qu’un tissu uni très foncé. Le cheviot est garni de biais de cachemire uni de la même teinte que la couleur la plus foncée du cheviot. Au-dessus de chaque biais est placé un liseré plat en cachemire uni de la couleur la plus vive du cheviot. « Cette garniture se répète partout : au-dessus des volants plissés, sur le corsage, sur le bord inférieur des manches, en guise de col, aux poches. »
Sur la construction des jupes
La construction des robes semble être tellement complexe en cette année 1880, qu’Emmeline Raymond revient plusieurs fois sur le sujet pour l’expliquer à ses lectrices. On peut donc en déduire que cette façon de construire les robes est plutôt récente et dans notre cas ça nous arrange plutôt parce que ça nous permet de comprendre comment nous faire des vêtements de cette période sans trop galérer :
« Il serait assez difficile de faire comprendre la composition actuelle d’une robe, si l’on ne procédait par une description minutieuse. Telle qu’elle est, une robe semble composée d’une jupe, de pans de tunique ouverts sur cette jupe, et enfin d’une robe ouverte sur ces pans de tunique. Je dis semble parce que, en réalité, tout cela, au lieu de représenter trois robes posées l’une sur l’autre, se compose de morceaux juxtaposés, appliqués chacun à la place qui lui est attribuée, sur une jupe que l’on nomme, en termes du métier, la fondation. Suivant les toilettes ou la dépense que l’on veut faire, la fondation (qui, du reste, ne se voit pas du tout) est faite en soie, ou bien en batiste de coton, point très-raide, assez ferme cependant, et de tissu assez serré pour supporter tout l’échafaudage de la robe. Sur cette fondation on applique d’abord le devant de jupe, morceau qui figure la jupe de dessous ; on encadre diversement ce devant de jupe avec des pans de tunique, des quilles, de revers ; puis on y fixe la robe proprement dite, celle qui semble s’ouvrir sur l’encadrement du devant de jupe. Pour celui-ci, on choisit en général, – et pourtant l’inverse se fait aussi, – un tissu uni ; l’encadrement (pans de tunique, quilles ou revers) se fait en tissu à dessins, tandis que la robe proprement dite sera faite en tissu uni, lequel pourra différer totalement du devant de jupe. Celui-ci, au contraire, devra s’harmoniser avec son encadrement, quelle que soit la forme qu’on lui donnera. » La Mode Illustrée, 29 février 1880.
En 1880, c’est l’adoption généralisée de la « robe ronde » pour le jour, c’est-à-dire une jupe plutôt courte, sans queue. En outre, les jupes sont « plates », c’est-à-dire peu bouffantes :
« La platitude dont on pensait avoir triomphé, va, au contraire, gouverner la mode future. Les jupes plates devant, plates sur les hanches, seront un peu soutenues seulement par derrière. Les manches seront plates ; les corsages, tout ce que l’on pourra faire de plus plat ; et même les fanatiques de la mode porteront des corsages faits en un tissu assez pareil à celui des maillots de danseuse. » La Mode Illustrée, 22 août 1880. (Je vous avoue que je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemblent les tissus de maillots de danseuses en 1880 parce que bon, j’imagine que c’était pas en Lycra…)
Concernant les « fondations » qui servent à monter la jupe, elles sont très simples à réaliser :
« Je leur dirai qu’il n’y a plus de jupes : il n’y a que des fondations, sur lesquelles on construit l’édifice de la jupe de dessus, composée de beaucoup de pièces et d’une foule de morceaux ; or la fondation est une jupe unie toute ordinaire, de tous points semblable à un jupon de percale. » La Mode Illustrée, 11 avril 1880.
Je vous conseille d’aller jeter un œil au livre de Frances Grimble dans lequel vous devriez trouver des patrons qui se rapprochent de ce jupon de percale.
Emmeline Raymond nous donne également des indications quant au métrage à utiliser :
« En général il faut compter sur un total de 18 mètres des deux tissus (à dessins et uni) et suivant que l’un ou l’autre devra dominer dans l’ensemble, on en prendra une quantité supérieure à celle de l’autre tissu. » La Mode Illustrée, 11 avril 1880.
Sachant que d’après ce que j’ai lu il semble que la largeur des lés oscille entre 60 cm et 120 cm. Dans le n° du 13 juin 1880, Emmeline Raymond explique par ailleurs que la largeur normale des jupes est de 2,20 mètres et nous donne un « secret professionnel » pour faire une jupe plissée perpendiculairement tout autour :
« On prend les lés dans une étoffe ayant 60 cm. Si l’étoffe à 120 cm de largeur, il suffit de doubler les proportions qui vont être indiquées. On plisse chaque lé de 10 en 10 cm. Cela forme un pli de 3 cm, 6 dans le lé, qui réduisent celui-ci à 20 cm de largeur. On plisse tous les lés avant de les assembler.
Pour former une jupe ayant 2,20 mètres de largeur, – ce qui est la largeur normale des jupes actuelles, – on emploie 6,60 mètres de largeur d’étoffe ; en d’autres termes autant de lés qu’il en faut pour former une largeur de 6,60 mètres.
On doit éviter de grossir la taille par l’épaisseur des plis ; on prendra donc, quand la jupe sera plissée, le soin de replier chaque pli à moitié l’un sur l’autre, à partir du milieu du devant de la jupe jusqu’à la hanche ; à partir de la hanche jusqu’à l’ouverture de la jupe par derrière, les plis devront se trouver l’un sur l’autre, et l’on aura soin de passer un fil (pour maintenir les plis) à partir de la taille, en biaisant sur une hauteur de 40 cm.
Les femmes qui ne sont pas très minces monteront ces jupes entièrement plissées sur une ceinture ronde, dite ceinture de jupon, ayant 15 cm de hauteur par devant, 20 cm de hauteur par derrière. Ces indications sont données pour les jupes pli sur pli. Quand on voudra avoir une jupe moins lourde, on diminuera d’un tiers la largeur totale de la jupe (avant d’être plissée) et l’on mettra quelque espace entre chaque pli. Ajoutons que l’on fait des jupes plissées partiellement : on plisse seulement le lé de devant ou seulement le lé de derrière ou seulement les deux lés des côtés sous le bras, le reste de la jupe étant traité comme les jupes ordinaires. » La Mode Illustrée, 13 juin 1880.
En novembre 1880, Emmeline Raymond nous dit aussi qu’on voit beaucoup de robes « princesse » (appellation toujours employée aujourd’hui pour signifier qu’il n’y a pas de couture à la taille), c’est-à-dire qui sont en un seul morceau devant, mais avec des basques derrière.
Et les jupons ?
« Les jupons de dessous se feront très souvent assortis à ces toilettes, c’est-à-dire qu’un volant plissé très fin, garnissant l’un de ces jupons, sera de même couleur que les ornements de la robe, cette couleur fût-elle très tranchante, fût-elle rouge. » La Mode Illustrée, 5 septembre 1880.
Un grand nombre de jupons de jour sont faits en surah noir, exit donc le blanc, comme je vous l’avais déjà dit dans l’article sur les tenues de soirée. Sinon on a aussi une description du modèle de jupon à la mode en 1880, mais j’ai encore un peu de mal à visualiser :
« Un jupon de satin noir, doublé de peluche bleue ou rose, avec balayeuse blanche, plissée, à moitié voilée par une dentelle noire posée presque plate, est le nec plus ultra des jupons en cette année 1880. » La Mode Illustrée, 28 novembre 1880.
La longueur des manches
En juillet 1880, Emmeline Raymond nous dit :
« À ne considérer que l’ensemble des toilettes, on affirmerait volontiers que la mode reste stationnaire. Les jupes courtes ou longues se taillent de même façon, depuis un nombre d’années déjà considérable. »
On garnit les jupes de toutes les façons, il n’y a rien de vraiment nouveau. Pourtant chaque saison a un aspect particulier, qui tient aux détails. Or, en 1880, ce qui est à la mode ce sont les manches demi-longues pour le jour, nous dit Emmeline Raymond, et cela suffit même à donner à une robe ancienne un aspect moderne.
En été, les manches ne dépassent pas le coude, mais « comme on ne saurait montrer dans la rue des bras nus, les gants fort longs rejoindront exactement la manche ». Même au logis on porte, avec ces manches courtes, des mitaines (mitaines marianne en soie de teinte assortie à la couleur principale de la toilette, mitaine noire en filet uni ou en filet perlé).
Sur les effets de transparence
L’emploi de tissus transparents toujours doublés de soie me laisse perplexe. En effet, le 13 juin Emmeline Raymond nous dit que c’est à la mode et le 27 juin elle nous dit que « la mode actuelle repousse absolument le transparent tendu sur une robe quelconque, à quelque titre que ce soit », du coup à ce niveau là je ne sais pas trop quoi penser. En tout cas cela veut dire que c’était à la mode au moins fin 1879/début 1880 et que donc, en tant que costumiers et costumières on peut se faire plaisir. En revanche, pour le jour, les tissus transparents doivent être intégralement doublés de soie : pas question de laisser voir un chouille de peau.
Voilà donc le résultat de ma prise de note concernant les toilettes de jour, c’est un peu dense, j’espère que j’ai fait le tour. Je vous ferai plus spécifiquement un article sur les pardessus, paletots et compagnie (parce qu’il y a beaucoup à en dire) et un article sur la toilette de deuil également. N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez des éclairages à apporter sur ce contenu. J’espère que cela pourra vous être utile, quant à moi je vous dis à très bientôt !
Dans le n° de la Mode Illustrée du 3 octobre 1880, Emmeline Raymond répond à une lectrice qui s’interroge : « Pourquoi toutes les Parisiennes sont-elles toujours si bien habillées ? »
Mais oui, pourquoi ? Un chic qui d’ailleurs ne se dément pas depuis plus de 100 ans puisque les Parisiennes sont toujours réputées pour être hyper classes (habitant à Paris, je ne vais pas cracher sur ce gentil cliché).
Donc en 1880, lorsque les dames de Province s’en vont en voyage à Paris, elles sont époustouflées par ce chic qu’ont toutes les Parisiennes. Emmeline Raymond nous dévoile leur secret : c’est parce que la Parisienne « ménage beaucoup ses effets ». Et c’est là, magie de la recherche, qu’on découvre le sens originel de l’expression « ménager ses effets » : elle ménage ses effets « en quittant ses vêtements dès qu’elle rentre au logis, afin d’en revêtir d’autres qui sont ou moins coûteux ou plus en rapport avec sa vie d’intérieur, que celle-ci soit oisive ou laborieuse, peu importe. Ce moyen est le seul efficace pour maintenir la fraîcheur des toilettes avec lesquelles on aborde la rue ».
Je vous renvoie à mes articles précédents sur le mythe de la Parisienne en 1880, mais en gros les toilettes que l’on porte « au grand jour » doivent être de première fraîcheur puisque ce sont ces tenues que les autres voient et jugent.
De plus la Parisienne ne porte que des vêtements adaptés aux diverses occasions de la journée.
« La toilette, revêtue à huit heures du matin pour aller à l’Église ou bien pour aller aux provisions, n’est point du tout pareille à celle que l’on portera cinq ou six heures plus tard, quand on ira faire une visite ou bien une emplette. »
Les Parisiennes ont donc des tenues adaptées à chaque occasion, mais comme aime à le rappeler Emmeline Raymond, les vraies Parisiennes sont économes, elles ont donc coutume « de ne point posséder à la fois plusieurs robes de même genre faites à la mode du jour, mode plus variable que jamais depuis quelques années, ainsi que nous le savons que trop ».
Pour Emmeline Raymond « on est chic quand on est toujours vêtue suivant que l’exigent les circonstances ». « On n’est pas chic quand on va au marché avec un chapeau à plumes », prenez-en de la graine mesdames !
Bref, ce que je trouve assez génial en somme c’est que les règles d’élégance n’ont pas tellement changées depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui non plus on ne se balade pas « overdressed » comme aiment à le rappeler Cristina Cordula et consorts. Et aujourd’hui aussi on a des basiques pour diverses occasions que l’on accessoirise différemment. Bref, voilà pourquoi les Parisiennes sont les plus chics. Je vous ai déjà dit que j’aimais la mode ?