Je continue de vous faire part de mes notes de lecture sur l’intégrale de la Mode Illustrée de l’année 1880 pour vous parler de ce qu’on met SUR les robes. J’ai l’impression, je me trompe peut-être, que c’est un élément que l’on oublie très souvent quand on coud des costumes historiques, soit par manque de temps, soit par véritable ignorance de ce qui se portait. Je ne jette la pierre à personne, étant la première à avoir simplement occulté de mon esprit cette question des pardessus, paletots, visites, etc. Sauf qu’à la lecture des magazines d’époque je me rends compte qu’il n’est plus possible de ne pas se soucier de ce qui se porte sur les robes. En fait c’est une pièce de vêtement fondamentale dont Emmeline Raymond parle beaucoup.
Toute toilette est agrémentée d’un pardessus ou en tout cas d’un vêtement qu’on porte par-dessus la robe
Le matin
Le pardessus idéal pour le matin (courses à pied, église, jours pluvieux) est en drap de laine noire léger doublé de flanelle noire à très petits carreaux ou rayures (coupées dans le biais). Quand le pardessus est fait en cachemire d’Inde noir ouaté et doublé de soie ou de fourrure il est plus paré : il peut alors être porté aussi bien le matin que l’après-midi (10 octobre 1880).
« Les pardessus pareils aux robes peuvent se porter pour les toilettes sans prétention du matin, mais il sera prudent de s’en tenir à ceux que l’on possède et de n’en point faire de neufs. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
L’après-midi
« La toilette de l’après-midi comporte toujours un mantelet grand ou petit. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
« Les pardessus en cachemire noir sont attribués aux jours pluvieux et frais. » « Pour tous les autres cas, on fait et l’on fera surtout des mantelets ou des visites, en surah noir très épais, assez épais pour se passer de doublure ; ou bien si l’on veut dépenser une somme moins élevée, en surah moins épais, que l’on doublera avec du taffetas. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
« Tous les pardessus, sans exception, auront leur encolure (quand celle-ci sera tout-à-fait montante) garnie d’une grosse ruche ou fraise, en dentelle blanche, ou bien en tulle point d’esprit blanc ; cette ruche représentera la lingerie trop souvent et trop complètement cachée par le pardessus. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
Dans ce dernier extrait on note une chose que j’avais déjà signalé lors de ma première lecture d’Emmeline Raymond, c’est que le terme de « lingerie » évoque les cols et manchettes blancs visiblement indispensables aux toilettes en 1880.
En janvier 1880, Emmeline Raymond nous dit que le châle en cachemire revient en grâce pour des pardessus, des sorties de bal et même des robes de chambre. Début 1880, donc, vous pouvez vous faire plaisir avec le châle en cachemire.
Dans le n° du 27 juin 1880, Emmeline Raymond nous dit que la mode est aux capuchons, des pélerines ou des petits manteaux à capuchons que l’on appelle « capucins ». Tout le monde, apparemment, veut en porter.
« Un détail à indiquer à propos des pardessus. Plus ils sont courts et ajustés, moins ils sont parés. Plus ils sont parés, et plus ils sont longs et amples. » La Mode Illustrée, 12 décembre 1880.
Dans le n° du 21 novembre on apprend que la forme de la visite fait un peu trop « dame » pour les jeunes filles qui lui préfèrent le paletot (celui-ci fait son retour donc on comprend ainsi qu’il avait disparu).
« En thèse générale, les jeunes filles ne portent pas de fourrures » La Mode Illustrée, 28 novembre 1880. À la limite elles peuvent porter un manchon de fantaisie en étoffe doublé d’une fourrure pas trop chère.
Même en été ?
L’obligation de porter un pardessus est levée en été quand il fait très chaud. Dans le n° du 8 août 1880, Emmeline Raymond écrit :
« La mode est tolérante en ces jours voués par la chaleur au repos de la toilette. Elle n’exige point que l’on s’enveloppe d’un pardessus et permet son simulacre : un fichu de tulle ou de mousseline, ou bien de surah, bordé d’une bande de tulle blanc brodé. »
On tolère donc l’absence de pardessus, mais pas question de ne rien porter sur ses épaules.
Si l’été est chaud, on porte des mantelets en gaze de soie noire. Ils donnent un air moderne à une toilette même un peu démodée.
Pour les jeunes filles et très jeunes femmes en été :
« fichus en tulle point d’esprit blanc, garnis de dentelle blanche simplement noués par devant, sous une touffe de fleurs. Ces fichus se composent d’un grand carré, dont les 4 angles sont arrondis et l’encolure quelque peu plissée. » La Mode Illustrée, 18 avril 1880.
Et c’est quoi la mode en automne ?
Dans le n° du 5 septembre 1880 :
« Le pardessus que l’on adoptera le plus généralement, jusqu’au moment où l’on portera les manteaux d’hiver, est celui qui a la forme d’une grande visite, à manches larges et capuchon. On fait ce pardessus en toute étoffe, et très souvent on l’exécutera avec un ancien châle de l’Inde ; la doublure en soie de couleur tranchante, est légèrement ouatée. Ainsi composé, ce pardessus de demi-saison sert aussi en guise de sortie de bal et de théâtre. »
Dans le n° du 7 novembre 1880, Emmeline Raymond nous dit que le tartan est très à la mode, notamment pour les pardessus du matin ou de pluie. « Beaucoup de waterproofs sont faits en tartan, de teintes neutres et foncées » cependant « la visite en tartan n’est et ne peut-être qu’un pardessus affecté aux toilettes de négligé. »
le 14 novembre 1880 : « Cette année se nommera l’année de la peluche. peluche unie, rayée, à carreaux écossais, imitant la loutre, à longs poils, à poils ras (dite panne) ». C’est la peluche à poils ras qui a les préférences d’Emmeline Raymond.
Stylistiquement ça se passe comment ?
Pour le moment les reproductions de la Mode Illustrée de la seule année 1880 sont trop peu importantes pour que je puisse véritablement établir des différenciations stylistiques entre les pardessus, paletots, visites, pélerines, etc. Du coup, ne voulant pas dire de bêtises, je préfère vous copier ici plusieurs reproductions de l’intégrale de La Mode Illustrée 1880. J’ai photographié la plupart des images, mais pas tout. J’analyserai les images dans un second temps de cette recherche sur la mode en 1880, cela demande en effet plus de temps et de sources que les comptes rendus de lectures auxquels vous avez eu droit jusqu’à présent. Place aux autres images (mises en plus petit pour prendre moins de place). Petite note : intégrer ces images m’a demandé un travail de DINGUE du coup si vous réutilisez ces images sur votre blog, merci d’indiquer par un lien où vous les avez trouvées. 😉
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